Un camping a-t-il sa place en zone inondable ? Au lendemain de la crue soudaine qui a provoqué la mort de quatre personnes jeudi à Lamalou-les-Bains, la polémique enfle. Le parquet de Béziers a ouvert une enquête.
Le bilan de la crue éclair à Lamalou est de 4 personnes décédées, un couple ainsi qu'une femme et sa fille qui se trouvaient au camping municipal de la station thermale qui surplombe d'environ 3 mètres un cours d'eau, le Bitoulet.
Au lendemain de la catastrophe les questions se multiplient. Pourquoi ne pas avoir lancer une alerte rouge ? Le camping était-il en zone inondable ? Pourquoi ne pas l'avoir évacué par précaution ?
A Lamalou-les-Bains, la polémique s'installe au lendemain de la crue qui a fait 4 morts
Reportage de AMBROISE BOULEIS et ALEXIS FISCHER - FRANCE 2
La crue n'est pas inédite. "C'est la première fois de cette ampleur. Mais on a déjà été inondée trois fois depuis que j'habite Lamalou", a constaté Marie, une sexagénaire. D'autres habitants se souvenaient jeudi d'importantes inondations il y a une vingtaine d'années
2.L'absence d'entretien de cette rivière.
Selon la préfecture le sinistre a été provoqué par la rupture soudaine d'un embâcle, un obstacle naturel de végétaux et débris divers dans le cours d'eau
qui a lâché sous la pression des flots.
"Ça fait 42 ans que nous sommes là. Et les bords des rivières et les cours d'eau ne sont pas nettoyés, a déploré Myriam, la soeur d'un garagiste qui a perdu une douzaine de voitures en quelques minutes.
"Il n'y a pas d'entretien. La végétation, elle pousse, elle pousse, elle pousse. A l'époque, il y avait le plan d'eau (un barrage) de la Vinconque qui servait de retenue. On fait n'importe quoi. Maintenant avec ce qui est arrivé, ça va coûter plus cher que de nettoyer les ruisseaux", a renchéri son amie Annie.
"Cela fait plus de 30 ans que le camping est installé là. Il n'y a jamais eu de problème. Le Bitoulet, normalement, c'est un ruisseau. A 22h30, il n'y avait rien. On ne pouvait vraiment pas le prévoir", a répondu Brigitte Tailland, adjointe au maire, soulignant qu'il n'y a "plus de barrage depuis des années".
"L'eau venait d'en haut, du Mont Espinouse (altitude 1.124 m). Elle a tout ravagé sur son passage. Les villages au dessus ont été touchés. Mais tout a fini chez nous, en bas (altitude 200 m) avec le bois, les objets", a ajouté l'épouse du maire et porte-parole de la municipalité.
Interrogée par l'AFP, la préfecture encore mobilisée pour porter secours aux victimes, et aider notamment les curistes à regagner leur domicile, a fait savoir qu'elle étudiaient les questions posées.
- Le Bitoulet, pas répertorié -
Mais selon le programme d'actions de prévention des inondations (PAPI) du secteur pour les années 2011-2015 que l'AFP a consulté, le nom du Bitoulet, un cours d'eau de 9,6 km qui se jette dans l'Orb en bas de Lamalou, n'est pas répertorié.
"Il n'existe pas de système de surveillance des cours d'eau sur l'Orb", reconnaît le document.
Quant au programme d'entretien, il avait fait l'objet d'une enquête publique entre le 17 février et le 21 mars sous la responsabilité du maire précédent Gilles Galtieri.
Or, lors du scrutin municipal, c'est une nouvelle équipe qui a remporté les élections.
"Nous avons récupéré une situation", a fait valoir Mme Tailland.
A LAMALOU LE TEMPS DES QUESTIONS
LE REPORTAGE DE FRANCE 3 LANGUEDOC ROUSSILLON SANDRINE NAVAS/ENRIQUE GARIBALDI
Le parquet de Béziers a indiqué avoir ouvert une enquête préliminaire pour "déterminer les circonstances et rechercher les éventuelles responsabilités"
dans le déclenchement de la catastrophe. Les sinistrés, curistes et habitants ont été entendus dès jeudi après-midi.
Interrogé lors de sa visite sur le terrain jeudi, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve ne s'est pas prononcé sur les causes du drame.
Par ailleurs, le torrent d'eau qui a charrié beaucoup d'objets a coupé la principale canalisation d'eau à l'entrée du village. L'eau devrait revenir au robinet dans la journée, a ajouté Mme Tailland.
Le risque d'orage, toujours en cours dans le département ainsi que dans le Gard, la Lozère et l'Ardèche, ne devait prendre fin qu'en milieu
de matinée samedi, selon Météo-France.