Le courrier est distribué aux usagers dans quelques communes chaque jour dans le bassin de Decazeville. Ils sont invités à le récupérer à l'arrière d'un camion. Les salariés en grève depuis trois semaines réclament le respect d'un accord de 2011 mais les négociations ont à nouveau échoué mardi.
Un camion jaune de La Poste stationné devant la mairie d'un village en Aveyron, des caisses posées sur la plate-forme à l'arrière. Rien de très original sur la photo. Sauf que les postiers viennent du Tarn et que les personnes massées autour sont des usagers qui sont venus récupérer directement leur courrier. Depuis trois semaines, leur boîte aux lettres est en effet vide en raison d'un conflit social au centre de distribution d'Aubin-Decazeville. Face à la gêne occasionnée et au mécontentement, cette solution provisoire a été mise en place par la direction de La Poste.
Le courrier, parti de la plateforme de tri d’Onet-le-Château, dans l’Aveyron, transite maintenant par le Tarn à Albi où il est trié par ordre alphabétique. Un camion part ensuite en tournée dans quatre communes du bassin de Decazeville où il reste stationné un peu plus d'une heure à chaque fois, le temps pour chacun de venir récupérer ses cartes postales, documents ou factures. Mercredi, les usagers de Conques, Bouillac, Flagnac et Saint-Santin ont ainsi enfin reçu leur courrier. Les entreprises ont eu recours à une autre solution.
Tri groupé pour les entreprises
Car malgré la grève qui dure depuis trois semaines, les entreprises doivent pouvoir continuer à recevoir du courrier. Une quarantaine de sociétés du bassin de Decazeville se sont donc regroupées sous le nom de Ouest-Aveyron pour se faire livrer directement grâce à un autre prestataire. Jusqu'à mardi il leur était aussi possible, comme pour les particuliers, de venir récupérer leurs plis au centre de distribution d'Aubin-Decazeville. Mais après un nouvel échec des négociations, des usagers ont brûlé des pneus devant les grilles du centre en fin de journée en signe de soutien aux grévistes. Le directeur et son adjointe ont alors fait appel à la police et à un huissier pour les escorter à l'extérieur des locaux et les usagers se sont retrouvés devant des portes fermées mercredi: personne pour les accueillir, ni cadres ni postiers. La direction avait même téléphoné aux agents non-grévistes pour leur demander de rester à leur domicile. Une situation inédite depuis le début du conflit que les grévistes ont fait constaté par huissier.
Reprise des négociations?
Le conflit entre les deux parties porte sur un accord signé en 2011 et que ne respecterait plus la direction. Ce dernier prévoit une compensation de 54 minutes par agent pour pouvoir effectuer du travail supplémentaire, du travail qui serait donc maintenant fait gratuitement.
Les syndicats ont-ils été entendus par Manuel Valls à qui ils ont fait appel pour résoudre ce conflit? Ils ont en tout cas été reçus en préfecture de Rodez mercredi vers 17 heures et ont accepté de renouer le dialogue, à condition que l'observateur désigné pour ces négociations ne soit pas lié à La Poste. Jeudi matin la discussion reprendra mais après trois semaines de conflit elle risque de ne pas apporter immédiatement toutes les solutions.
