Les propriétaires du dernier café de Cambouzalet, Danièle et Edmond Gombert, ferment définitivement boutique. Une nouvelle vie pour ce couple d'octogénaires, mais la fermeture sonne la fin d'une période où les cafés étaient la plaque tournante des villages.
Le dernier café de la commune de Cambouzalet a fermé ses portes ce mardi 31 mai. Edmond et Danièle, 160 ans à eux deux, le savaient. Les travaux de mise aux normes de leur établissement coûteraient trop cher pour d'éventuels repreneurs.
Edmond et Danièle sont deux enfants du pays. Le grand-père d'Edmond a ouvert le café en 1929, et, en dehors de la gestion de son café, Edmond a aussi été président du club de foot du village pendant 22 ans. Même s'il est un peu nostalgique, la fermeture de son café signifie le début d'une nouvelle vie.
D’autres commerces de Cambouzalet ont fermé au fil des ans, tout comme l’épicerie, la mercerie, la cordonnerie. Des petits commerces qui servaient d’appoint. "Maintenant, les gens vont dans les grandes surfaces", constate le maire.
Et il ajoute :
"A chaque fois qu'un commerce ferme, "c'est un peu la vie qui s'en va des villages."
La mairie de Cambouzalet réfléchit donc à l'ouverture d'un autre lieu de vie, pour que les gens puissent se retrouver et échanger. Il ne s'agira peut-être pas d'un café, mais d'une association.
Les villages qui se vident : une fatalité ?
Les cafés sont un lieu de passage où l'on papote, boit un coup, s'engueule, lit le journal, discute de la dernière rumeur, mange le plat du midi préparé par le patron ou la patronne. On y rencontre des étudiants, des habitués, des touristes de passage, les gens du quartier et encore quelques ouvriers. C'est un lieu de repos et un sas de décompression juste après le travail avant de rentrer chez soi. En somme, c'est le lieu de la sociabilité et de la convivialité !À la campagne, c'est le dernier lieu de vie et c'est la plaque tournante d'un village.
En France, un nombre considérable de magasins a fermé en 2009 et en 2013 pour atteindre un record en 2015 : 12 600 fermetures pour 4000 ouvertures.
Le maintien des commerces de proximité dans un village favorisepourtant la lutte contre le dépeuplement. Bien plus qu'un simple commerce, le café, est un lieu où se tisse du lien social. Il y a de moins en moins de bars, cafés dans nos campagnes. Des 600 000 bistrots dans les années 60 en France, il n'en reste aujourd'hui qu'à peine 35 000. C'est en tous cas ce qui ressort d'une étude publiée en janvier par l'IFOP.
Cette disparition progressive des commerces et cafés serait dûe à l'exode rural, à l'interdiction de fumer et au prix des "consos" qui monte en flèche.
26 045 villages sont des zones de "no bar" ! Un record, d'autant que, selon l'étude IFOP, un habitant des petites communes sur trois déclare que non seulement il n'y a plus de troquets chez lui, mais qu'il n'y en a pas non plus dans les alentours.
77% des personnes interrogées estiment que le café a un rôle central pour "dynamiser l'économie des communes".
Si la désertification est devenue l’un des principaux enjeux pour les zones rurales, ces dernières résistent mieux que la moyenne en ce qui concerne les bistrots, souligne l’Insee. Depuis 2003, la banlieue et la couronne des pôles urbains sont les zones où les fermetures sont les plus nombreuses. A contrario, les bistrots et cafés résistent mieux dans les zones rurales isolées et dans les villes qui constituent le pôle de leur environnement rural.
Pour soutenir le mouvement, le distributeur France Boissons a lancé en 2014 un nouveau prix baptisé "Des cafés pour nos régions". Ce prix est destiné aux créateurs ou repreneurs d’établissement, cinq d’entre eux étant pouvant décrocher un chèque de 10 000 euros.