Le village aveyronnais de Laguiole a décidé de se pourvoir en cassation, a annoncé son maire, afin de récupérer l'usage commercial de son nom, utilisé par un étranger à la commune pour vendre des couteaux et autres produits importés.
"A l'unanimité, le conseil municipal a décidé d'aller au bout des choses... pour qu'on puisse récupérer notre nom et que nos entreprises puissent se développer", a dit le maire Vincent Alazard.
Un habitant du Val-de-Marne, Gilbert Szajner, a déposé en 1993 la marque Laguiole pour vendre non seulement de la coutellerie, qui a fait la réputation mondiale du bourg depuis 1829, mais aussi du linge de maison, des vêtements, briquets, barbecues... En tout, il diffuse 38 classes de produits, souvent importés de Chine ou du Pakistan.
Après des années de bataille judiciaire, la municipalité de Laguiole a finalement été déboutée le 4 avril par la cour d'appel de Paris, qui a de plus condamné la commune à verser 102.000 euros de frais de justice à son adversaire. "C'est 7 à 8% de notre budget", souligne le maire.
Laguiole s'est attaché les services d'un avocat près la Cour de cassation qui a évalué "à 50%" les chances de Laguiole de l'emporter", selon M. Alazard, qui n'a pas voulu révéler les points que l'avocat se prépare à soulever devant les juges. "Nous avons le devoir de continuer. Non seulement par rapport à nos administrés mais aussi pour les générations futures, pour éviter que le jugement (de la cour d'appel, ndlr) fasse jurisprudence", a expliqué le maire.
La Cour de cassation ne devrait pas se prononcer avant "16 à 18 mois", selon lui. "On veut pouvoir développer nos entreprises, sur du Made in France, et créer des emplois", a-t-il dit, précisant que l'activité de coutellerie représentait actuellement 900 emplois dans un village qui compte 1.300 habitants.