Shaman et Shadow, deux mustangs, viennent tout droit des plaines de l’Oregon en Amérique... Jusqu’à Cahors dans le Lot, sous le regard bienveillant de leur dompteur.
Murmures, regards... Shadow et Shaman ont élu la terre lotoise comme nouvelle maison. Et s’ils y vivent en parfaite harmonie, c’est grâce à Ludovic Fournet, leur dresseur.
Spécialiste passionné et autodidacte, il s’intéresse à l’éthologie cognitive et accompagne hommes et chevaux sur le chemin d’une meilleure compréhension mutuelle. L’équitation éthologique diffère de l’équitation classique de par sa priorité : s’intéresser d’abord au mental du cheval et non à la réponse motrice, la performance de l’équidé. “On utilise quand même la selle, le filet... Mais une fois que toutes les commandes de base (arrêt, reculer, tourner...) sont intégrées, on ne se sert que de mouvements de corps pour les guider”, explique l’éducateur.
En parallèle, Ludovic pratique les arts martiaux depuis l’adolescence. Une discipline qui a amélioré sa gestion de l’espace, de ses mouvements et de ses émotions... Des outils précieux pour communiquer avec les bêtes.
Huit ans de vie sauvage avant le dressage
Shadow et Shaman sont deux authentiques mustangs américains nés en 2013 sur le territoire de la réserve de Warm springs et de Paisley desert dans l’Oregon, situé dans l'ouest des Etats-Unis.
Le premier semble avoir une lecture très fine de l’humain.
Avec Shadow, j’ai dû apprendre à affiner davantage ma communication non verbale. C’est un cheval puissant et profond. Aujourd’hui encore, je n’arrive pas à tout percevoir de sa nature. Il reste en lui une part d’ombre, un sentiment que j’ai ressenti dès notre première seconde de contact. D’où le nom que je lui ai donné.
Ludovic Fournet, éducateur
Shaman, lui, a gardé une part de sauvage en lui. “Il n’a pas encore totalement tourné le dos à son ancienne vie. Cela a pris trois longues semaines pour ne serait-ce que l’approcher. J’ai passé beaucoup de temps avec lui. S’il m’accorde sa confiance aujourd’hui, il a conservé son instinct, puissant et sauvage.”, raconte le Lotois.
Les mustangs vivent entre eux car même s’ils ont apprivoisés et éduqués, ils gardent un répertoire comportemental plus évolué et qui leur est propre. Des animaux bruts de décoffrage, bien loin des chevaux toujours propres, luisants, lavés. “Un cheval boueux est un cheval heureux !”, sourit Ludovic.
En totale liberté, les deux mâles s’abandonnent complètement. Un corps à corps subtil entre animal et dompteur, à condition de bien comprendre ce qu’ils ont en eux.
Victoire au Mustang Makeover Germany
Pas croisés, rondes et farandoles… C’est ainsi qu’apparaissent les premiers pas de danse. Une chorégraphie qui a mené le trio jusqu’au plus haut niveau de la scène européenne, jusqu’à remporter la grande compétition du nom de Mustang Makeover.
Le dompteur est arrivé troisième du classement avec Shadow il y a deux ans. L’année suivante, en 2021, c’est Shaman qui sort victorieux des trois épreuves (trail, dressage et show), permettant au duo de remporter le Mustang Makeover Germany 2021.
Surpopulation aux Etats-Unis
La reproduction des mustangs n’étant pas contrôlée aux Etats-Unis, elle entraîne une surpopulation de l’espèce par rapport aux ressources disponibles, disputées notamment par les éleveurs bovins sur place. Un programme de capture de ces animaux a été mis en place, afin qu’ils soient par la suite adoptés. Mais avant cela, il faut les éduquer.
C’est là qu’intervient le Mustang Makeover Germany, antenne allemande de l’American Mustang Makeover, qui importe une vingtaine de chevaux par an. Les équidés sont confiés pendant trois ou quatre mois à des entraîneurs sélectionnés, comme Ludovic, qui les apprivoisent puis les présentent sur plusieurs épreuves afin de montrer qu’ils sont prêts pour achat.
L’efficience, richesse de ces chevaux
Une fois apprivoisé, le mustang sauvage révèle toute sa loyauté. Mais ne pensez pas pouvoir chasser tout son naturel, car une part de lui revient toujours au galop.
Une complicité rare, tissée par ces regards et ces murmures si précieux. Avec la grâce de leur allure, les mustangs n’ont plus qu’à s’élancer sur la piste et danser, comme enivrés et heureux.