Cahors : une exposition fait revivre André Breton, pape du surréalisme

Le Musée Henri-Martin de Cahors consacre une exposition exceptionnelle (du 20 septembre au 29 décembre) à André Breton, qui avait eu un coup de coeur pour le département du Lot et particulièrement le village de Saint-Cirq-Lapopie.

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Le pape du surréalisme André Breton revit à partir de samedi, à travers son bureau, ses objets personnels et sa collection d'art dans le cadre d'une exposition présentée par le Musée Henri-Martin de Cahors, en plein coeur d'une région chère à l'écrivain.

C'est le pari du conservateur en chef du musée, Laurent Guillaut, et de la commissaire l'exposition indépendante Constance Krebs, à l'origine du site andrebreton.fr, dans une initiative soutenue par Aube Elléouët, la fille de l'écrivain décédé en 1966.

Pour la première fois, le public verra le bureau sur lequel Breton écrivait sous l'oeil sévère du Papou Ouli, sa statue hermaphrodite d'ancêtres posée sur cette grande table de bois où s'entassent pèle-mêle boîtes à tabac, pipes, collection de coléoptères, plumiers...

"Le bureau - et tout ce qu'il y a dessus - a été donné par Aube Elléouët à la bibliothèque littéraire de chercheurs Jacques Doucet, à Paris, mais il n'était pas vraiment accessible au grand public", indique Constance Krebs.

Sur les murs autour du meuble, un autoportrait de Frida Kalho rappelle les moments de Breton passés avec elle et Léon Trotski à Mexico. On y voit un Max Ernst, des toiles aux couleurs chatoyantes de l'Algérienne Baya - de son vrai nom Fatma Haddad -, dont il avait préfacé le catalogue, des Dali, Chirico, Magritte... Et ses découvertes d'arts primitifs Hopi ou océaniens.

Sans compter son Mur d'objets, partie de la collection permanente du musée parisien Georges Pompidou que le public pourra voir virtuellement, tout comme les Parisiens pourront profiter via internet du bureau exposé à Cahors jusqu'au 29 décembre.
"Un écran interactif permet au public de cliquer sur un objet du mur exposé à Beaubourg et de là-bas, la même chose avec le bureau exposé ici", explique Mme Krebs.

"L'exposition est certainement une ouverture plus large sur tous les centres d'intérêt de mon père et qui naviguaient autour de lui", confie par téléphone sa fille à l'AFP, dans une rare interview. "Cela fait revivre la mémoire collective autour de Saint-Cirq Lapopie et Cahors et tout l'intérêt que mon père pouvait porter à ce lieu",  juge l'unique enfant de Breton, âgée de 79 ans.

EN VIDEO / le reportage de France 3 Quercy-Rouergue

Breton a vécu de longs moments à l'Auberge des mariniers, qu'il avait achetée au peintre Henri-Martin à Saint Cirq-Lapopie, à une trentaine de kilomètres de Cahors (Lot). "J'ai cessé de me désirer ailleurs", avait alors déclaré Breton.
Dans les années 50-60, il y reçut une pléthore d'artistes et Citoyens du Monde : les peintres Max Ernst et Miro, les photographes Man Ray et Henri Cartier-Bresson, le poète surréaliste Benjamin Péret.
L'"Initiateur Découvreur", sous-titre de l'exposition "La Maison de Verre", avait découvert ce village médiéval juché au-dessus du Lot en  venant soutenir la route Mondiale Numéro Un, le 24 juin 1950, dans une caravane de Citoyens du Monde, un mouvement déterminé à faire tomber les frontières après
la 2ème Guerre Mondiale. Créé par le pilote américain Garry Davis, ce formidable élan avait alors emporté l'adhésion de plus de 200 communes lotoises.

Une borne assortie de clichés des 30 kms de route mondiale pris par la photographe Nadia Benchallal, en pleine rediffusion des Actualités de l'époque, rappelle au visiteur cette période intense de la vie de Breton. L'exposition s'ouvre sur une salle entièrement consacrée à une première partie importante de sa vie, la période de Nadja, son roman autobiographique (1928) et surnom de sa muse Léona Delcourt.

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