Les associations caritatives croulent sous les sacs de vêtements laissés par les donateurs. Les plateformes qui les récupèrent pour les valoriser sont à saturation. A l'origine de cet afflux, la "fast fashion" et une volonté de ne plus jeter à la poubelle. Mais voilà, il est parfois difficile de trouver un vêtement bon à remettre en rayon, comme à Figeac dans le Lot.
"Là, nous avons environ quatre à cinq tonnes de textile, précise Alain Fraysse, président du comité des amis d'Emmaüs de Figeac. C'est à peu près trois semaines de tri, de réception de dons." L'entrepôt croule sous des dizaines et dizaines de sacs de textiles usagés. Et pour les bénévoles, la tâche peut s'avérer de plus en plus ardue pour trouver des vêtements en bon état, pouvant être remis en rayon. Le contenu des sacs s'est nettement dégradé.
"La plupart du temps, c'est plutôt un déchet"
Auparavant, une fois le tri effectué, plus de 30% des dons étaient remis en vente dans la boutique. Des vêtements en bon état, revendus à petit prix tout en assurant un tiers des revenus de l'association. C'est désormais moins le cas, comme le constate Françoise Fraysse.
"On passe des fois, dix à vingt sacs avant d'avoir quelque chose de propre, que la personne a donné vraiment en sachant qu'après ça va avoir une seconde vie. Mais, la plupart du temps, c'est plutôt un déchet", nous confie la bénévole, les mains plongées dans une montagne de vêtements. Aujourd'hui, seuls 10 à 15% des dons sont ensuite exposés dans l'espace friperie.
La "fast fashion" en cause
Ne plus jeter à la poubelle, faire du tri... Cela ne fait pas forcément bon ménage avec la "fast fashion", cette mode à petits prix sans cesse renouvelée, pas écolo du tout. Cette frénésie de consommation et d'achat sur des sites offrant des habits de piètre qualité pourrait bien être la cause de la dégradation des dons de textile.
"Les bénévoles qui sont sur le tri considèrent maintenant qu'ils font un travail de déchetterie plutôt que du don pour les personnes", va jusqu'à dire le responsable du comité des amis d'Emmaüs local.
On ne jette pas. On s'en débarrasse, et après débrouillez-vous.
Alain Fraysse, président du comité des amis d'Emmaüs de Figeac
Les bénévoles d'Emmaüs demandent aux donateurs de bien faire un tri préalable. De ne retenir que les vêtements propres et en bon état. Et de s'adresser aux opérateurs spécialisés dans la collecte de textiles, lorsque les vêtements ne répondent pas aux critères de revente.
(Propos recueillis par Paul-Etienne Zahn et Jean-Pierre Jauze)