Ô la belle vie part en exploration dans le Lot pour nous faire découvrir quelques merveilles du parc naturel régional du Quercy, dont certaines restent encore bien cachées dans les entrailles de la terre.
Dans le Lot, le parc naturel régional du Quercy est labellisé "Géoparc mondial" à l’Unesco depuis 2017 (avec plus de 140 géosites). Les géoparcs sont des zones géographiques uniques où des sites et des paysages d'importance géologique internationale sont gérés selon un concept global de conservation, de valorisation et de développement durable. Il existe aujourd'hui 195 géoparcs mondiaux Unesco dans 48 pays (dont 73 en Europe et 7 en France).
Le sol quercynois nous livre ses secrets
Cette terre du Quercy de 185 000 hectares, truffée de grottes, gouffres et falaises est reconnue pour sa richesse géologique et paléontologique hors du commun.
Ici dans le Lot, on est à plusieurs centaines de galeries qui ont déjà été vues, mais ça doit représenter seulement 10% du potentiel.
Thierry Pélissier, géologue
Quand le Causse s’est formé (il y a 180 millions d'années), ici, le Quercy, c’était comme les Bahamas, raconte le géologue Thierry Pélissier à Sophie. "Puis, quand la mer s’est retirée, on s’est retrouvé avec du calcaire qui a été sculpté par l’eau qui, en ruisselant est venue créer des vallées, des falaises, etc."
En clair, c’est à ce moment-là que la décomposition des végétaux et des animaux marins ont donné du phosphate que l’on retrouve encore aujourd’hui dans le calcaire. L’eau, l’érosion, ont façonné le paysage en une multitude de grottes, de gouffres et de cavités souterraines. Au fil des millénaires, les gouffres se sont remplis d’argile et de phosphate (entretenus avec les végétaux et animaux morts tombés dans les trous), une substance qui a la particularité de bien fossiliser les ossements. Une manne pour nos paléontologues.
Thierry Pélissier fait partie des acteurs locaux qui ont participé à valoriser ce territoire. Spéléologue et ancien conservateur de la réserve, il est né à Limogne-en-Quercy. Enfant, parmi les pierres et les brebis, ses terrains de jeux favoris étaient les phosphatières de la région.
Jurassic Park en Quercy
Le Cloup d’Aural, phénomène géologique de réputation mondiale, est un ensemble de phosphatières situé dans la commune de Bach, dans le Lot. Sa valeur paléontologique est inestimable (il n’existe au monde que quatre autres sites équivalents). Ce gouffre à ciel ouvert renferme une végération luxuriante exceptionnelle (fougères géantes, mousse épaisse, plus de 13 espèces différentes d'orchidées, etc.) "Plus tu t’enfonces au cœur de la phosphatière, plus tu vas découvrir une végétation digne de Jurassic Park" confie Thierry Pélissier à Sophie.
Les phosphatières ont été découvertes par l'un des professeurs Tournesol de l’époque : Jean-André Poumarède. Médecin, pharmacien et passionné de chimie, c’est en se rendant chez l’un des membres de sa famille, agriculteur de métier, qu’il remarque que son champ de blé donne une céréale plus vigoureuse qu’ailleurs. Des pierres aux formes étranges ainsi que des os fossilisés dans le sol le mettent sur la piste d’un sous-sol singulier. Grâce à sa découverte, la présence de phosphate de calcium dans le sol, très recherchée pour la fabrication d’engrais, est confirmée. Dès lors, c’est la ruée aux gisements ! Au XIXème siècle, plus de 300 mines seront exploitées dans le Lot, l’Aveyron et le Tarn-et-Garonne.
Même si aujourd'hui, l'âge d'or de l'exploitation du phosphate est terminé depuis belle lurette, le gouffre à livré de précieuses informations à l’homme."A travers les phosphatières, on a pu observer cette succession de mondes disparus et voir comment le changement climatique a interféré avec la biodiversité" explique le spéléologue . Quelle meilleure façon que d’utiliser le passé pour mieux préparer l’avenir !
La bête sauvage de Cahors
Au coeur de la phosphatière, plus de 500 fossiles d’animaux datant d’une trentaine de millions d’années ont été retrouvés par les spécialistes dont un squelette complet appartenant au cadurcothère (baptisé au XIXème siècle le Cadurcothérium).
Il s’agit d’une sorte d’animal appartenant à la famille des rhinocéros, des tapirs et des chevaux. Frédéric Bérard, directeur du site du Cloup d’Aural, explique qu’il était assez trapu, pesait 750 kg et mesurait 1,20 m. D’origine asiatique, il évoluait dans un environnement proche de la Savane... en Quercy. Encore une indication précieuse pour étudier l’évolution de la faune et des climats sur des millions d’années.
Un des spots de plongée les plus reconnus au monde
Ce paysage exceptionnel du Quercy a mis en lumière le département du Lot qui est devenu la troisième destination au monde pour la plongée souterraine. Vous avez bien lu, sur le podium, après le Yucatan au Mexique et la Floride, se hisse à la 3ème place... le Quercy !
Sophie rejoint Nadir Lasson au Trou Madame dans la commune de Cénevières, une cavité souterraine, autre curiosité du paysage quercynois. Plongeur spéléologue, il s’apprête à plonger, pour s’enfoncer dans les galeries, franchir les siphons et au plus profond, rencontrer le canyon. Un émerveillement permanent. Les plongeurs participent régulièrement aux recherches en explorant les rivières souterraines "ça a aussi un intérêt au niveau de la collectivité pour des captages d’eau potable par exemple" explique le spécialiste.
Les Causses du quercy révèlent de véritables trésors qui aujourd’hui, participent largement à mieux comprendre l’histoire de la terre et son évolution.
"Ô la belle vie : le parc naturel régional du Quercy, un trésor de géologie". A voir le dimanche 18 juin à 12h55. Une émission présentée par Sophie Jovillard. Réalisée par Laurent Desvaux. Une coproduction France 3 Occitanie et Grand Angle Productions.