Internet à très haut débit partout d'ici à 2022, revitalisation des centres-villes, économies concentrées sur les grandes collectivités locales : Edouard Philippe défend jeudi à Cahors la feuille de route de l'exécutif pour les territoires ruraux et les villes moyennes.
La deuxième "Conférence des territoires" - le forum de dialogue entre l'Etat et les collectivités de l'ère Macron - se tient jeudi dans la préfecture du Lot, avec le gros de l'équipe gouvernementale: outre M. Philippe, treize ministres sont attendus.
Pour l'occasion, le chef du gouvernement, arrivé dès mercredi soir à Cahors, a mis en place une opération de "délocalisation" de son cabinet de Matignon, jusqu'à vendredi soir, dans le département rural du Sud-Ouest.
Tôt jeudi, il doit notamment détailler le plan du gouvernement pour atteindre l'objectif du très haut débit partout en France à la fin du quinquennat, confirmé par Emmanuel Macron en juillet.
Après un round de discussions avec les opérateurs (Orange, Bouygues, SFR, Free...), il doit détailler comment tous les foyers français doivent pouvoir surfer à "bon débit" d'ici à 2020 et à très haute vitesse (au moins 30 voire 100 megabits/seconde) d'ici à 2022, notamment pour les 14 millions de foyers en zone rurale ou peu dense.
Edouard Philippe présidera ensuite la Conférence nationale des territoires (CNT), qui réunit près de la moitié du gouvernement avec les associations représentant les collectivités et élus locaux.
Objectif prioritaire : faire le point sur le pacte financier proposé par l'Etat, dont les collectivités contestent le bien-fondé et les modalités.
Les grandes lignes d'un plan de revitalisation des centres villes dans les villes moyennes, lancé par le ministre Jacques Mézard, seront également annoncés, pour contrer la disparition des commerces et la dégradation immobilière de nombre de centre-villes.
La conférence survient après plusieurs mois de tension entre l'exécutif et les collectivités, qu'Emmanuel Macron et Edouard Philippe n'ont que partiellement désamorcée.
Après une matinée consacrée à un échange entre le gouvernement et les élus en comité relativement restreint d'une soixantaine de personnes, les débats seront élargis aux élus du Lot et rassembleront l'après-midi environ 400 personnes.
"Confiance"
Echaudée par la première CNT du 17 juillet, aussitôt suivie par l'annonce de gels de dotations ou de la baisse des emplois aidés et des APL, les élus abordent cette deuxième session avec prudence.Il n'y a "pas de relation de défiance" entre le gouvernement et les élus, a assuré le Premier ministre en arrivant à Cahors.
Pour l'Association des maires de France (AMF), qui avait accueilli MM. Macron et Philippe fin novembre à son congrès, "aucun pacte de confiance n'est aujourd'hui envisageable" avec l'Etat et l'AMF ne sera représentée à Cahors qu'"à titre d'observateur". Son président, François Baroin (LR), boudera l'évènement.
Quand certains partent, d'autres reviennent : les présidents de régions, qui avaient décidé fin septembre de boycotter la conférence sur un désaccord financier avec l'Etat, seront représentés.
Outre le pacte financier avec l'Etat, l'ordre du jour porte sur le droit à l'expérimentation des collectivités, et l'évolution constitutionnelle qu'elle suppose, le statut de l'élu et les grands axes d'une politique de "cohésion du territoire".
Mais Edouard Philippe ne devrait pas être confronté qu'aux seules inquiétudes et protestations des élus. Des manifestations d'agriculteurs et un rassemblement jeudi après-midi à Cahors à l'appel de la CGT sont organisés à l'occasion de sa visite.
"Si vous espérez trois jours de sinécure gouvernementale, le Lot n'est pas la bonne adresse", l'avait mis en garde le député LR du Lot Aurélien Pradié à l'Assemblée nationale.
La "délocalisation" de M. Philippe et de son cabinet vise précisément à "aller vers les Français, vers ceux qui vivent ici, pour essayer de mieux comprendre leurs attentes", défend Matignon.
Jeudi soir, après un "Facebook Live" depuis Cahors, il dînera dans une auberge de jeunesse avec des acteurs économiques du Lot.
Vendredi, il effectuera une tournée en plusieurs étapes du département, et passera notamment par Figeac et Rocamadour, ou encore dans une exploitation agricole.