Si le pâturage hivernal est encore pratiqué dans les Pyrénées, il a au fil des décennies disparu dans certaines régions. Fabrice et Lise, éleveurs de brebis en Haute-Corrèze innovent en remettant au goût du jour, dans le Lot à Espagnac-Sainte-Eulalie, ce mode de transhumance.
On entend leurs clochettes tintinnabuler à des kilomètres à la ronde dans la vallée du Célé. Depuis trois semaines, 300 brebis Limousines de Haute-Corrèze ont pris leurs quartiers d’hiver sur les pelouses des Causses du Quercy dans le petit village lotois, d’Espagnac-Sainte-Eulalie.
Lise et Fabrice, éleveurs de brebis sur le plateau de Millevaches en Haute-Corrèze ne regrettent pas le voyage. Ils avaient au départ un peu d’appréhension mais le bilan est plus que positif.
Depuis 4 ans ils sont installés dans une ferme sur le plateau des Millevaches en Haute-Corrèze à 900 mètres d’altitude. Lorsqu’ils sont partis, il y avait 50 cm de neige et le baromètre affichait moins 8°.
C’est très intéressant pour nous de faire pâturer l’hiver ce que l’on ne fait pas chez nous. On n’invente rien, c’est un système qui existe dans les Pyrénées. On y gagne en nourriture, ici sur le Causse la nourriture est excellente pour nos bêtes, de l’herbe, des glands, des feuilles, ça va permettre à nos brebis de se maintenir l’hiver car on prépare l’agnelage, toutes nos brebis sont pleines et mettront bas fin mars,
explique Lise Roland, éleveuse
"On croyait prendre un risque mais c’est tout le contraire explique l’éleveuse - on aura un produit de qualité, c’est très positif".
Une transhumance hivernale "gagnant gagnant"
Les brebis vont pâturer jusqu’à début mars et vont pouvoir débroussailler les parcelles d’une centaine de propriétaires. Tous les habitants ont adhéré au projet. Pour la commune d’Espagnac-Sainte-Eulalie qui n’a plus d’agriculteurs en activité depuis 2015, la présence des brebis corréziennes est une bénédiction.
L’objectif, c’est surtout de pallier les risques d’incendies, un phénomène de plus en plus croissant sur nos territoires. Le conseil départemental du Lot s’est emparé de cette problématique et c’est lui qui nous a saisi pour savoir si l’on voulait accueillir les bergers. Au conseil municipal, tout le monde a adhéré.
La commune héberge les deux bergers dans ses gîtes communaux.
Nous sommes sur ce qui fait la spécificité du territoire, les pelouses sèches des causses du Quercy. Pour maintenir la valeur biologique de ce secteur Natura 2000, le pâturage c’est un plus, la motivation de départ de la commune. Aujourd’hui, on bénéficie d’un supplément auquel on avait pas pensé : le lien social. On est en période de confinement, c’est l’hiver il fait mauvais...le fait d’avoir ce couple de bergers, c’est un bonus pour les habitants qui peuvent discuter tous les jours avec eux et voir le troupeau.
Cette première transhumance hivernale dans le Lot fera l’objet d’un bilan. L’objectif étant de structurer cette opération en association foncière pastorale de propriétaires pour renouveler l’expérience.