Mieux vaut être seul que mal accompagné. Désormais député sans groupe fixe à l'Assemblée nationale, Aurélien Pradié est un élu qui refuse toute alliance. Après s'être éloigné des LR, il revient sur la réélection de la présidente de l'Assemblée. Entretien.
Aurélien Pradié, ex-vice-président chez Les Républicains, s'émancipe encore un peu plus de sa famille politique. Après s'être éloigné des LR au moment des élections législatives anticipées, il est désormais sans groupe fixe à l'Assemblée nationale. Il répond à nos questions.
Que doit-on dire maintenant quand on vous présente : Aurélien Pradié, député divers droite, LIOT ou indépendant ?
On doit dire député libre ! Ce qui fait du bien dans cette période. J'avais pris un engagement durant toute cette campagne électorale, devant toutes les Lotoises et les Lotois, qui était d'avoir une voix forte et libre à l'Assemblée nationale. Quand on voit le spectacle la semaine dernière, je suis bien content d'avoir gardé ma liberté et mon indépendance, de n'être rentré dans aucun groupe politique tels qu'ils existent aujourd'hui car ils ne me conviennent pas. Je souhaite travailler à la reconstruction d'une offre politique nouvelle.
Je pense que cette indépendance aujourd'hui est une grande force et je suis heureux de ne pas être mêlé à tous les tripatouillages auxquels on a assisté ces derniers jours.
Que pensez-vous de l'alliance conclue entre les Républicains et les Macronistes pour que ces derniers conservent la présidence de l'Assemblée nationale ?
Je pense que toutes ces alliances sont contre-nature. Depuis plusieurs semaines, on parle beaucoup des postes échangés entre les uns et les autres, mais on ne parle pas du pays. Moi, ce qui m'intéresse, c'est que l'on mette autour de la table des femmes et des hommes qui ont envie de travailler pour le pays. Les échanges de postes, cela ne sert pas la démocratie. Il devrait y avoir une vraie représentation au sein des institutions de l'Assemblée nationale, de tous les groupes politiques, quel que soit leur poids politique.
J'étais un combattant à la fois de la France Insoumise et du Rassemblement National, mais je considère que chacun doit être représenté comme les électeurs l'ont souhaité au sein des institutions de l'Assemblée, or ce n'est pas le cas aujourd'hui. C'est pour ça que ma liberté au fond, elle peut me coûter parfois, elle est inconfortable, mais elle est une force pour dire les choses.
Dimanche 21 juillet dans le Parisien, certains LR vous étrillent : "On a plus parlé dans le groupe en 48h qu'en deux ans de mandat. On n'a pas le copain Pradié, donc c'est plus simple", qu'en pensez-vous ?
Ce n'est pas très confortable d'être un député indépendant, cela vous attire quelques critiques, mais je n'ai pas l'habitude d'avoir le petit doigt sur la couture du pantalon. Avoir un peu de liberté dans cette période, cela permet d'ouvrir des chemins que d'autres n'arrivent pas à ouvrir. Je préfère l'inconfort et conserver mes convictions et mes valeurs. Puis j'ai du monde autour de moi, on est train de créer, petit à petit, un collectif. Ce qui compte, c'est que les Français se reconnaissent dans ma démarche. Le reste, c'est un détail.
Comme va pouvoir travailler cette nouvelle Assemblée nationale ?
C'est une question fondamentale. Il faut désormais parler de la France, il aurait d'ailleurs fallu commencer par ça, avant de se répartir des postes. On ne pourra pas reconstruire ce pays si on ne met pas autour de la table des Gaullistes de droite, de gauche et du centre. Et pour y arriver, il faut d'abord que le président de la République acte qu'il n'a plus le pouvoir et qu'il va falloir qu'il le partage avec celles et ceux qui sont à l'Assemblée nationale. C'est une cohabitation, pas une coalition ! C'est très différent.
Et puis je le dis, il faut aller d'un bord à l'autre de l'échiquier politique, mettre de côté les extrêmes. Il faut que la gauche se détache de l'extrémisme Mélanchoniste, qu'elle le fasse pour de bon cette fois. Carole Delga se dit "indignée aujourd'hui" par les propos d'un député LFI sur la délégation israélienne aux Jeux olympiques, mais pendant trois jours, François Hollande a voté au côté de Mathilde Panot (LFI) sans que cela ne lui pose un problème. Il faut que demain des voix indépendantes, à droite comme à gauche, soient capables de travailler ensemble. C'est ce que l'on a fait à l'après-guerre, cela s'appelait le Gaullisme, c'est ce qu'il faudrait faire aujourd'hui.