L’équipementier aéronautique Figeac Aéro annonce un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) qui prévoit la suppression de plus de 300 emplois sur son site historique. L’entreprise invoque les difficultés du secteur aérien durement touché par la crise sanitaire.
Coup dur pour la ville de Figeac dans le Lot, l'entreprise Figeac Aéro annonce un plan de réorganisation avec la suppression de 320 postes sur son site historique.
La réduction d’effectifs devrait concerner 320 postes sur les 966 que compte l’usine de Figeac. Le site réalise plus de 70% du chiffre d’affaires du groupe.
Dans un communiqué l’équipementier explique que "la crise mondiale du coronavirus a entraîné une paralysie soudaine de l’industrie du transport aérien, avec un trafic qui s’est effondré au fur et à mesure de la progression de l’épidémie".
Aussi, les cadences de production des principaux constructeurs ont été fortement réduite "notamment sur les avions long-courriers, comme l’A350 " ce qui pénalise davantage le Groupe.
Le groupe doit faire face à une crise économique sans précédent engendrée par la crise sanitaire liée au Covid-19 déclare Jean-Claude Maillard, Président Directeur Général de Figeac Aéro
Les décisions prises rapidement par le groupe nous ont permis d’atténuer temporairement les conséquences opérationnelles et économiques. Je suis conscient de ce que représentent les mesures de ce projet pour l’ensemble des collaborateurs. Elles sont pourtant indispensables si nous souhaitons garantir à notre Groupe pérennité et résilience et lui redonner les moyens de se projeter vers l’avenir.
Toujours dans ce communiqué, la direction explique que " la dégradation économique du secteur aérien devrait se prolonger dans les années à venir et ses conséquences obligent le groupe à entreprendre une réorganisation importante de Figeac Aéro en France".
Le groupe prévoit sur le site de Figeac un Plan de Sauvegarde de l’Emploi (PSE) comprenant deux volets :
- réorganisation et redimensionnement de la Direction des Opérations Figeac face aux nouvelles prévisions d’activité.
- réorganisation et redimensionnement d’un certain nombre de fonctions supports et centrales du groupe.
Dans un communiqué qui fait suite au Comité Social et Economique extraordinnaire qui s'est tenu ce 27 août, la CGT explique que "la direction de Figeac Aéro entend casser l'emploi de tout un bassin industriel alors que de nombreux dispositifs sont mobilisables, comme par exemple la réduction du temps de travail ou les aides publiques conditionnées à l'emploi".
Enfin, le groupe "n'exclut pas d'autres mesures sur les autres sites du groupe".
Selon l’Afp, l'équipementier avait accusé une perte nette de presque 14 millions d'euros pour son exercice 2019-2020 clos fin mars. L'entreprise lotoise, déjà touchée par la crise du Boeing 737 Max et du décalage de la certification du Boeing 777X, a dû affronter les baisses de cadence sur tous les autres programmes d'avions pour lesquels elle fournit des équipements. Le groupe a obtenu 80 millions d'euros de prêts garantis par l'État.
Effet Domino
Située au nord du Lot, Figeac compte 10 000 habitants. Près d'un tiers travaille dans la sous-traitance aéronautique, sur les sites industriels de Figeac Aéro, et Collins Aérospace.André Mellinger, maire de Figeac redoutait les conséquences de l’arrêt du trafic aérien sur le tissu industriel de sa ville. Figeac Aéro et Collins Aérospace qui emploient près de 3 000 personnes travaillent à la fois avec Airbus et Boeing.
L’arrêt de la production du 737 Max avait déjà causé des problèmes, là c’est le début d’une concrétisation des ennuis à venir. Les difficultés que rencontrent aujourd’hui les sous-traitants aéronautiques auront des conséquences sur toute l’économie locale. Entreprise d'électricité, société de nettoyage et de transports… on est dans l’œil du cyclone et c’est toute une économie qui va en pâtir, c’est l’effet domino qui touche toute la cité.
Un modèle économique à préserver
André Mellinger veut limiter la casse. "L’annonce du plan social concerne 320 personnes. Le Plan de Sauvegarde de l’Emploi va s’étaler sur 6 mois et je sais que l’Etat se soucie de cette situation et j’espère qu’il aura son mot à dire. Dans tous les cas nous allons être vigilants et attentifs aux modalités mises en place dans ce plan social. Il faut absolument maintenir le savoir-faire pour que ces entreprises ne disparaissent pas. Elles doivent être prêtes à repartir quand les premiers signes de reprise se feront sentir".Le maire souhaite que des mesures d’accompagnement et de reconversion soient proposées aux salariés de manière à garder les familles sur le territoire et à préserver toute une économie locale :
On doit éviter l’exode massif des populations et pour cela la ville va accompagner ces personnes dans leur quotidien et leur recherche d’emplois. Par exemple, les frais de cantine pour leurs enfants seront réduits, les services culturels seront gratuits.
De leur côté les commerçants, déjà en difficulté, sont inquiets. Pour le co-président de l'association des commerçants de Figeac cette annonce est un coup dur :
Aujourd'hui si il y a 320 licenciements ce sont 320 familles qui partent et forcément le commerce local sera impacté. Cela va faire du mal mais pour l'heure il faut attendre nous n'avons pas plus d'informations sur les modalités de ces licenciements. En juillet on nous avait parlé de 700 emplois!