Lot : des citoyens agissent contre les déserts médicaux

"Si on ne se bat pas, personne ne le fera à notre place". C'est en partant de ce constat, après la suspension d'un médecin généraliste, que trois Lotois ont décidé d'aider leurs concitoyens à trouver des solutions dans leur parcours de soins.

Mi-octobre, Jean Rigal, 78 ans, veut prendre rendez-vous avec son médecin généraliste. 
Cet habitant de Caillac dans le Lot, apprend par le répondeur du cabinet médical que son médecin n'exerçait plus, car non-vacciné. 
Les soignants avaient en effet jusqu'au 15 octobre 2021 pour compléter leur schéma vaccinal.
Jean Rigal se retrouve donc sans médecin généraliste et il n’est pas le seul… Ce praticien suivait 1200 patients à Cahors.

C’est ici que commence le début de son combat : trouver un nouveau médecin traitant. Jean Rigal passe des coups de téléphone, en vain.

Quand on va voir les médecins, ils vous refusent tous car ils sont déjà en saturation de patients. Les généralistes n'en prennent plus car ils sont proches de la retraite ou bien ils en ont déjà un nombre trop important ...

Le retraité est dans la même situation que deux de ses voisins à Caillac. Ensemble, ils font le constat de la difficulté à trouver le bon interlocuteur. Celui qui pourra résoudre leur problème. 
Quand ils se tournent vers la Caisse Primaire d’Assurance Maladie du Lot, un médiateur leur fournit une liste de médecins généralistes. Une liste qui n’est pas à jour selon Jean Rigal.

Sur les 144 médecins traitants référencés par la CPAM, seuls 82 sont en exercice dans un cursus classique. Pour le moment, j’ai contacté 70 médecins de cette liste 

Il faut retirer tous ceux qui sont à la retraite, ceux qui se sont spécialisés, ceux qui sont sur le départ, explique-t-il.

L’histoire aurait pu s’arrêter là, mais les trois hommes n’acceptent pas l’idée de ne pas pouvoir être soignés comme n’importe quel Francais. 

La liberté de trouver un médecin à proximité de son domicile, de le choisir : je considère que c’est un droit. On a le meilleur système de santé au monde, pour lequel on cotise toute notre vie, et on n’est pas capable de trouver un médecin.

Ils ne veulent pas rester les bras croisés et décident alors de créer le collectif  "des patients abandonnés du Lot".
Jean Rigal donne la possibilité aux Lotois de l’appeler en divulguant son fixe. Une adresse mail est aussi créée. Il a reçu près de 200 appels en un mois. 

Des citoyens qui se substituent aux services de l’Etat ?

Parmi ces nombreux appels, une personne en détresse. Elle s’est rendue chez son dentiste pour un rendez-vous post-opératoire. C'est en arrivant devant le cabinet qu'elle découvre que ce dernier est fermé à cause d’un dégât des eaux. 
"On connaissait le dentiste car il habite aussi dans notre commune. Nous sommes allés chez lui et il nous a expliqué qu’une permanence était assurée par un de ces confrères. Cette personne a pu être soignée. Pourquoi cette patiente n'avait-elle pas accès à cette information ?" se demande Jean Rigal.

Des médecins généralistes leur ont aussi tendu la main. "Pour nous rendre service, ils acceptent quelques nouveaux patients mais c’est à titre exceptionnel", relate-t-il.

Plus de possibilité d'actions

En s’intéressant aux actions menées ailleurs, le collectif a appris l'existence de l’association des citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM). Depuis peu, Jean Rigal est devenu le président de l’antenne du Lot. Il va pouvoir avoir plus de poids pour se faire entendre. 

A ce jour, cette nouvelle antenne a deux objectifs : montrer à la CPAM du Lot que des axes d’améliorations sont possibles en rendant par exemple le système plus humain"Il faut lui rappeler que la médecine ce n’est pas que de l’administration, c’est un service qu’ils doivent aux citoyens." 

Et puis, ils veulent mettre en place un numéro d’urgence dans le Lot pour celles et ceux qui n’ont pas de médecins référents : "pour ne pas que les Lotois se sentent abandonnés."

Il faut agir vite pour Jean Rigal, car dans le Lot sur les 474 médecins inscrits au conseil de l’ordre, 53,9 % ont plus de 60 ans et 12 % sont des retraités encore en activité. 

L'association est joignable au 05 65 20 00 46 

par courrier au 8 route de l'école 46140 Caillac

ou par mail : desertsmedicaux.lot@gmail.com

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