Quelques piques voilées, des nuances sur les retraites et une unanimité sur l'immigration. Voilà le résumé du débat entre les trois candidats à la présidence des Républicains organisé lundi 21 novembre. Un débat unique auquel a participé l’élu lotois de 37 ans, Aurélien Pradié.
Pendant une heure trente sur LCI, Eric Ciotti, Aurélien Pradié et Bruno Retailleau ont défendu leur vision pour le parti de droite tombé à 4,8% à la dernière présidentielle.
Challenger de cette compétition, Aurélien Pradié a poussé l'argument du renouvellement en vantant son expérience "de maire, de sapeur-pompier volontaire", au service d'une "droite populaire" qui n'est "pas une punition".
Dans cette compétition Eric Ciotti, qui passe pour le favori, a joué sa carte habituelle de fermeté en défendant une droite "qui ne s'excuse plus d'être elle-même" dans un pays "dangereusement engagée sur le chemin du déclin".
"Je veux l'unité sur une ligne claire", a assuré le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau qui a défendu "le rassemblement" d'une droite "fière de ses valeurs, avec une ligne claire sur le régalien et l'économie".
Vote crucial dans une dizaine de jours
Et dans ce débat souvent technique à douze jours du premier tour, chacun a d'abord retenu ses attaques lors d'un long développement sur le régalien et les retraites. Sur le rôle de LR, pas de divergence. "Pas question d'être la béquille de Marine le Pen ni le marchepied d'Emmanuel Macron", a résumé Bruno Retailleau.
Tous ont défendu une vision très ferme sur l'immigration en revenant sur l'épisode de l'Ocean Viking, ce navire humanitaire débarqué à Toulon avec 234 migrants à bord. "C'est Italie 1-France 0", a estimé Eric Ciotti qui a martelé : "aucun droit pour les clandestins, ni logement, ni allocation, ni école".
Bruno Retailleau a lui dénoncé les "pompes aspirantes" à l'immigration et taclé le projet de "régularisation massive" du gouvernement avec son texte de loi attendu début 2023. Quant à Aurélien Pradié, il a proposé "qu'on reconnaisse le crime de passeur comme relevant de la CPI" - la Cour pénale internationale -, et de "réduire de moitié le volume de l'immigration".
Clivages sur la réforme des retraites
Sur les retraites les positions ont été plus divergentes : face à un Bruno Retailleau plaidant le report de l'âge légal, Aurélien Pradié a défendu "une réforme juste" où "celui qui a commencé à travailler tôt finit tôt".
Eric Ciotti s'est lui retrouvé dans la position de la synthèse en défendant "un système un peu à la carte". Et "si ça sauve les retraités d'aujourd'hui et de demain, je voterai" la loi présentée par l'exécutif, a-t-il assuré.
Mais les piques voilées ont émaillé le débat - Eric Ciotti demandant "les valeurs sont un gros mot, Aurélien Pradié ?" avant que celui-ci ne lance "Eric, tu feras un excellent secrétaire général".
Bruno Retailleau, qui se veut candidat du rassemblement avec de nombreux soutiens d'élus, s'est trouvé isolé sur les énergies renouvelables, après un vote du Sénat qui a adopté à une très large majorité en première lecture le projet de loi du gouvernement.
Sur l'inscription de l'IVG dans la Constitution, il a aussi marqué sa singularité: "c'est un débat que l'extrême gauche a importé des Etats-unis", a-t-il affirmé. "La loi Veil est française", a répliqué Aurélien Pradié tandis qu'Eric Ciotti estimait que "la droite ne doit pas être ringarde, elle doit être en phase avec la société".
"La marque est morte"
Sur l'avenir du parti, chacun a joué sa partition, avec quelques critiques envers Nicolas Sarkozy. "Il faudra changer de nom, je crois que la marque est morte", a affirmé Bruno Retailleau.
"En 2027, on verra si on est mort ou pas, aujourd'hui on bouge encore", a affirmé Eric Ciotti. Mais "ce qui manque, c'est le chef", a ajouté celui qui plaide pour désigner rapidement Laurent Wauquiez candidat à la présidentielle de 2027.
"C'est une folie de désigner dès l'année prochaine notre candidat", a estimé Aurélien Pradié. "Si on trébuche aux européennes, on l'électrocute", a abondé Bruno Retailleau. "Si on n'a plus de jus, il ne risquera plus rien. À un moment, il faut prendre ses responsabilités", a répliqué Eric Ciotti.
Avec AFP