Témoignage. Sa fille est handicapée depuis un accident, une mère dénonce la négligence de l'automobiliste

Le 21 septembre 2022, dans le Lot à Cahors, Faustine, 15 ans, perd l’usage de ses jambes suite à un accident impliquant une voiture sans chauffeur. Pour sa famille, cette histoire doit servir d’exemple afin d’éveiller les consciences sur la dangerosité des comportements négligents des automobilistes.

"Je n’ai rien oublié", souffle Justine, 20 ans, grande sœur de Faustine et premier témoin de l’accident. Difficile, toutefois, pour la jeune femme de verbaliser ce qu’elle a vu et ce qu’elle ressent. Tout s’est déroulé en quelques minutes, le 21 septembre 2022. Faustine fêtait , ce jour là, ses 15 ans. Comme tous les jours, elle sort du lycée Clément-Marot, où elle étudie en bac professionnel, accompagnée de sa sœur. Toutes deux se rendent au centre-ville, où leur mère doit les récupérer en voiture pour les emmener au restaurant. Mais rien ne se passe comme prévu.

Plus haut dans la rue Fondue-Haute, une petite rue escarpée du centre-ville, une voiture, garée l’instant d’avant, n’est plus retenue par ses freins. Sans chauffeur, elle dévale la rue en pente et prend de la vitesse. Mais la rue est étroite et les deux jeunes filles n’entendent pas l’engin arriver. "J’ai juste entendu « attention » crié par quelqu’un derrière moi. J’ai tourné la tête mais c’était déjà trop tard. La voiture m’a frôlée et a percuté Faustine", raconte Justine.

Au même instant, Justine est au téléphone avec sa mère, Coraline. Le bruit du choc est si fort que les commerçants sortent de leur boutique. La voiture termine sa course contre un mur, un peu plus bas, mais Faustine est toujours coincée dessous, consciente. "Avec l’adrénaline elle n’a rien senti, ajoute Justine, elle me demandait seulement de la sortir de là." Faustine devra rester sous la voiture en attendant l’intervention des secours.

Une attente interminable

"Je suis arrivée quelques minutes plus tard, explique Coraline. Ensuite, c’était l’attente. Que ma fille soit transférée à l’hôpital, qu’elle passe un scanner, qu’elle soit héliportée à l’hôpital de Purpan pour être opérée pendant huit heures." Une attente interminable, puis un verdict : Faustine ne retrouvera pas l’usage de ses jambes.

L’attente, encore, que l’adolescente se réveille et que son état, jusqu’ici critique, se stabilise. "A ce moment-là, on a réalisé sa force de caractère. Faustine a repris conscience rapidement, elle n’a fait aucune complication." La petite dernière s’en sort miraculeusement mais la vie de toute la famille est chamboulée.

Cet accident a fait exploser notre manière de vivre, les projets que nous avions pour Faustine et ceux qu’elle avait pour vivre sa vie.

Coraline, mère de Faustine

"Je ressens une énorme colère", confie Coraline. Avant de préciser : "Mais je ne suis pas dans un esprit de vengeance. Ça ne me fera pas avancer ni ne ramènera les jambes de ma fille. Je ressens de la colère pare que la vie de valide de Faustine est terminée." Pour l’adolescente, passionnée de volley et de théâtre, le quotidien a bien changé. Le kinésithérapeute, la rééducation, les médecins. Installée dans le centre de rééducation où elle apprend à gérer son nouvel état physique, elle reçoit des visites de sa famille tous les jours et des dizaines de lettres de soutien de ses amis et camarades.

Lorsqu’on lui pose la question "comment ça va ?", la jeune fille sourit. "Oui, ça va. Je sens que je progresse." Si sa timidité est toujours présente, son caractère s’est affirmé. "Elle ne prend plus de pincettes avec personne", confirme sa grande sœur.

Servir d'exemple

Pour autant, Coraline aurait préféré ne jamais avoir à découvrir la résilience de sa fille. A ses yeux, cet accident aurait pu être évité. "Pour moi, c’est de la négligence. Nous verrons ce qu’en dira l’enquête, mais ce genre d’accident n’est pas unique." Pour la mère de famille, l’histoire de sa fille ne doit pas tomber dans l’oubli, même si cette-dernière a accepté sa nouvelle situation. "Je ne veux pas que ma fille soit un numéro de dossier ou un cas parmi d’autres. Il faut faire prendre conscience aux gens que ce genre d’accident, ça arrive. Et aider d’autres familles à surmonter ça", soutient Coraline.

Après l’accident, la famille s’est retrouvée confrontée à la gestion de l’administratif. "On arrive dans ce milieu sans rien y connaître, c’est très difficile", exprime la mère de famille, malgré l’aide de leur avocate. Maintenant, la famille attend que l’enquête ouverte à la suite de l’accident rende ses conclusions.

Selon le procureur de la République de Cahors, le propriétaire du véhicule a été présenté le mercredi 28 septembre à un juge d’instruction. L’homme de 23 ans a été mis en examen pour "blessures involontaires par conducteur de véhicule ayant entraîné une incapacité totale de travail pendant plus de trois mois, aggravé par deux circonstances, arrêt ou stationnement dangereux et non mutation de carte grise." Pour ces motifs, le conducteur risque jusqu’à 7 ans de prison et 100 000 euros d’amende, ainsi que l’annulation de son permis de conduire et interdiction de le repasser pendant maximum 10 ans.

"La peine qui sera décidée ne sera jamais suffisante à nos yeux, mais nous espérons que le cas de Faustine serve d’exemple. Pour que toutes ces épreuves n’aient pas été vaines", conclut Coraline.

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