VIDEO. "Je ne contracte pas !" Des "êtres souverains" refusent un contrôle de gendarmerie, ce qu'il faut savoir de ce mouvement complotiste

Une vidéo virale sur les réseaux sociaux publiée le 2 avril 2024 montre un couple refusant un contrôle d'alcoolémie, arguant de théories complotistes. Selon eux, la France n'est plus un Etat mais une entreprise privée. Cette scène cocasse met en lumière les idées du mouvement One Nation et de sa figure de proue, Alice Pazalmar, qui a fait parler de lui dans le Lot.

La vidéo tourne énormément sur les réseaux sociaux et pourrait prêter à sourire. Arrêté au volant par la gendarmerie des Hauts-de-France pour un contrôle d'alcoolémie, un couple refuse de s'y soumettre en répétant inlassablement ne pas vouloir "contracter" avec les forces de l'ordre, qu'il dénonce comme "des mercenaires enregistrés à Washington DC !". La scène a un accent comique jusqu'au moment où, excédé par ce dialogue de sourd, un gendarme décide de casser la vitre du conducteur. 

Dans une autre vidéo, diffusée quelques heures plus tard, le conducteur, résidant dans la Drôme, livre son explication : "il faut savoir que la France n'est plus un pays, mais une entreprise étrangère sur le sol français enregistrée à Whasington DC. (...) Tous les mecs en uniforme qui sont sur le sol français sont ni plus ni moins, et je suis désolé pour eux car je pense que beaucoup ne le savent pas, c'est comme si c'était des mercenaires sur le sol français parce qu'ils sont régis par des règlements d'entreprise et non plus par des lois."

Le mouvement One Nation et Alice Pazalmar

Ces propos sont délirants, mais ne sont pas nouveaux. Ils sont directement issus du mouvement complotiste et anti-système One Nation, qui a fait parler de lui dans l'affaire de la petite Mia et dans le projet d’achat d'un domaine de 200 hectares situé sur la commune de Sénaillac-Lauzès dans le Lot.  

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Sa figure de proue se nomme Alice Pazalmar, de son vrai nom Martin Pascual. Comme l'explique le site Conspiracy Watch, "En 2019, Alice Pazalmar a co-fondé le site One Nation (onenation.xyz) qui se présente comme « une vague d'émancipation planétaire qui invite à se ressaisir sereinement de son pouvoir personnel et refuser toute autorité illégitime » et prône la « désobéissance créative ». Ce mouvement se veut « profondément non-violent » et rejette « toute forme d'autorité illégitime »". 

Le vol du "nom légal" par l'État

La jeune femme est adepte de la croyance de la "fraude légale". La "fraude du nom légal" est une croyance conspirationniste qui constitue le cœur de la doctrine du mouvement dit des "êtres souverains". Ces personnes croient, comme le précise Conspiary Watch que "«la France est une entreprise privée depuis 1947 » (sic) et l'État volerait secrètement à chacun de ses administrés son « nom légal », autrement dit sa « personnalité juridique » (que les « êtres souverains » appellent un « homme de paille »), le tout avec la complicité des fonctionnaires chargés d'enregistrer l'état civil, des magistrats, des banquiers et des médias. Par cette escroquerie, chaque individu ayant fait l'objet d'une déclaration de naissance serait, de fait, transformé en bon du Trésor."

Pour mettre un terme à cet "esclavage", il suffirait de se déclarer "souverain" en refusant de respecter les lois, en n'honorant pas les contrats qu'ils ont signés et en cessant notamment de payer impôts et taxes diverses.

En 2021, la Miviludes avait consacré une partie de son rapport annuel à One Nation : "ce groupe ne constitue pas à ce jour une dérive sectaire, mais suscite la vigilance de la MIVILUDES en raison de sa forte influence sur ses membres."

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Le mouvement a connu un coup d'arrêt en 2022 avec la condamnation à de la prison ferme et à l'arrestation d'Alice Pazalmar. Cette dernière lors d'un récent procès pour diffamation à Saint-Brieuc n’a cessé d’exprimer ses regrets. La vidéo du contrôle de gendarmerie démontre malgré tout que même si One Nation est moins visible, les idées qu'il véhicule son toujours vivaces.