Un malade d'Alzheimer sur deux ne serait pas diagnostiqué aujourd'hui en France, et serait en conséquence privé de prise en charge adaptée, selon une étude publiée par Cap Retraite. Lozère et Pyrénées-Orientales sont en pointe dans le suivi à domicile. L'Aude est en retard dans l'accueil spécialisé.
Selon cet organisme qui conseille les familles cherchant une place en maison de retraite pour un proche âgé en perte d'autonomie, plus de 500.000 personnes souffrant d'Alzheimer ou d'une maladie apparentée sont diagnostiquées et prises en charge, mais la maladie toucherait au total plus d'un million de personnes âgées.
D'après les chercheurs de l'Inserm, leur nombre risque de doubler à l'horizon 2040 pour atteindre les deux millions.
Ce sont les départements urbains du Nord, des Bouches-du-Rhône et de Paris qui diagnostiqueraient le mieux les personnes atteintes d'Alzheimer, avec plus de 30% des malades estimés effectivement pris en charge. En revanche, dans les zones rurales de la Creuse, des Deux-Sèvres ou du Gers, cette proportion serait de 15%.
Lozère et Pyrénées-Orientales, meilleurs départements de France pour le suivi à domicile
La Lozère, le Vaucluse et les Pyrénées-Orientales sont les mieux équipés en équipes spécialisées à domicile, tandis que la Seine-Saint-Denis, l'Aisne et la Meurthe-et-Moselle proposent l'offre de services la moins adaptée.
L'Aude n'offre pas assez de places d'accueil en établissements spécialisés
Les départements les mieux pourvus sont le Vaucluse, les Alpes-de-Haute-Provence et le Loiret, tandis que ceux devant fournir le plus d'efforts sont Paris, l'Aude et le Val-d'Oise.
Un dépistage insuffisant et trop tardif en France
Le médecin généraliste joue un rôle primordial dans le dépistage. Depuis le plan Alzheimer 2008-2012, le dispositif s'est renforcé avec la mise en place de plus de 400 Centres de consultation mémoire et 252 Maisons pour l'autonomie et l'intégration des malades Alzheimer.
"Une prise en charge précoce permettra au sujet de rester plus longtemps à son domicile, lieu par excellence à favoriser car porteur de l'histoire et de la mémoire", souligne le gériatre Hughes Bensaid, cité dans l'étude.
Plus de 120.000 malades résidant à domicile ont pu être pris en charge, grâce aux services communs à l'ensemble des personnes âgées en perte d'autonomie, et aux dispositifs spécialisés (25.000 places réparties entre les Équipes spécialisées Alzheimer à domicile -Esad-, les accueils de jour dédiés et l'hébergement temporaire).
Mais cela ne représente que 20% des malades estimés résidant à domicile, les 80% restants n'ayant pas encore été suivis, faute de diagnostic.
Il faudrait créer 20 fois plus de places en établissements spécialisés et 10 fois plus en accueil de jour
L'étude estime que si l'ensemble des malades estimés était diagnostiqué et pris en charge, il faudrait créer 20 fois plus de places en Esad pour atteindre près de 105.000 places (on compte actuellement 4,4 places en moyenne au sein de ces équipes pour 100 malades estimés), et multiplier par 10 à près de 150.000 le nombre de places en accueil de jour (7,3 places pour 100 malades estimés actuellement).
Pour les malades aux stades modéré ou sévère, résidant en maisons de retraite médicalisées (Ehpad), les exercices proposés par les Pôles d'activité et de soins adaptés (Pasa) sont "essentiels" pour ralentir l'évolution de la maladie (relaxation, musicothérapie, jeux stimulant la motricité ...), mais ils ne sont présent que dans un Ehpad sur six. Il faudrait en créer plus de 6.000 pour les systématiser à tous les Ehpad.
Au stade sévère, les Ehpad proposent des places dédiées assurant une sécurité et une prise en charge renforcées, les départements des Vosges, de Haute-Savoie et de Savoie étant les mieux équipés. Pour prendre en charge l'ensemble des malades estimés, il faudrait créer plus de 130.000 places dédiées au niveau national, selon l'étude.