Lutter contre la pédophilie est un combat incessant. Le rugbyman Sébastien Boueilh, victime de viol dans son enfance multiplie, à travers son association, les interventions en milieu scolaire. Avec un objectf pédagogique, libérer la parole des victimes. Reportage à Villefort en Lozère.
Moi, j'ai été violé de 11 ans et demi à 16 ans. J'ai pu en parler 18 ans après.
Les mots sont simples, clairs, et percutants. Sans détour, Sébastien Boueilh se livre. Et à travers un jeu de questions réponses, la parole peu à peu se libère parmi les collégiens.
Loris - 4e
"Son histoire était un peu choquante par moment, parce que la personne qui l'a violé c'était pas lui le seul donc c'est vrai que c'était choquant par moment, ça nous sensibilise vraiment"
Gwendall - 3e
"C'est vrai qu'on ne sait pas toujours que des gens sont harcelés dans notre classe, on ne le voit pas. Et c'est vrai que du coup j'ai appris que y en avait dans ma classe qui l'étaient".
Harcèlement scolaire, cyber harcèlement, bizutage, violences sexuelles mais aussi maltraitance. Chaque thématique est abordée par le témoignage.
Celui de Sébastien mais aussi rapidement celui des élèves présents.
Ilhoa - 3e
"On voit que y en a beaucoup qui sont touchés soit par les agressions sexuelles, les viols ou le harcèlement aussi. Je me rends compte que y en a pas mal et y en a pas beaucoup qui le disent. Et c'est dommage parce qu'ils se renferment beaucoup sur eux-mêmes et y a plein de choses touchantes et affreuses qui restent au fond d'eux et qui ne sortent pas."
A la question "Qui a reçu un sexe, sur le portable ou l'ordinateur, d'une personne que vous ne connaissez pas ?"...
Dans la classe, les mains de collégiens se lèvent. "Donc ça ça s'appelle une atteinte sexuelle, d'accord ?".
En Europe, 1 mineur sur 5 est victime d'agression(s) sexuelle(s)
160 000 enfants par an en France sont confrontés à ce drame mais seuls 7% des viols sont dénoncés.
Le fléau n'a pas de frontières, il ne fait pas de discrimination : à Villefort, ce petit collège des Cévennes pourtant tranquille, n'est pas épargné.
Dans cette première classe de 44 élèves je crois, on en a reçu une dizaine. Donc un quart de la classe qui est resté nous parler. Y a de tout : harcèlement, agressions sexuelles, maltraitance, les enfants sont restés dans le mutisme et cette action, avec un peu d'humour et de sympathie, ça libère les paroles."
Pendant toute la semaine, l'association Colosse aux pieds d'argile se déplace à travers toute la Lozère pour sensibiliser collégiens et professionnels de l'éducation.
Une action commandée par le Conseil départemental de la Lozère pour un jour mettre fin à la loi du silence.