Assises de la Lozère : 13 ans de réclusion requis contre les accusés au procès du magot imaginaire et des «vies gâchées»

Le procès de deux hommes accusés d'avoir séquestré et violement battu un octogénaire à son domicile en 2019 pour lui soutirer un magot imaginaire s'est ouvert lundi à Mende, en Lozère. Un département où le taux de criminalité est l'un des plus bas de France.

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Séquestré pendant une heure à son domicile, à l'écart du village de Chastel Nouvel, à 5 km au nord de Mende, Denys Tichit a vécu, dans la nuit du 28 au 29 janvier 2019, des scènes d'une rare violence qui le laisse aujourd’hui dans un état de dépendance totale.
Lundi, s’est ouvert le procès des 2 accusés, Sébastien Pastot et Franck Théobal, deux trentenaires de la région, aux assises de la Lozère à Mende.

13 ans de réclusion criminelle requis pour les 2 coaccusés

Treize années de réclusion criminelle ont été requises ce mercredi, devant la cour d'assises de la Lozère, contre les deux hommes accusés d'avoir séquestré et violenté un octogénaire à Chastel-Nouvel en 2019. Ils sont passibles de 30 ans.

La culpabilité de Sébastien Pastot, un maçon de 34 ans originaire du nord de la France et de Franck Théobald, un Gardois de 39 ans, ne fait aucun doute, tant les deux hommes, compagnons de beuveries à Mende, ont laissé de traces lors de ce cambriolage qui a viré au drame a estimé dans son réquisitoire l'avocat général, Vincent Blériot, au troisième et dernier jour du procès.

Un butin qui n’existait pas

Sébastien Pastot et Franck Théobal, alors en difficultés financières et en prise à des problèmes d'alcool, ont avoué, pendant l'enquête et à nouveau lors de l'ouverture du procès, s'être introduits chez Denys Tichit, ingénieur en aéronautique à la retraite âgé de 81 ans, pour tenter de lui soutirer des informations concernant un coffre-fort, qu'il ne possède pourtant pas. L’octogénaire, surpris dans son sommeil par les deux individus cagoulés, avait été immédiatement roué de coups de crosse de fusil, son visage cogné sur le sol, avant d’être ligoté avec un câble électrique, selon le rapport médical.
La victime avait finalement réussi à se libérer seul, malgré 10 côtes cassées et de nombreuses plaies au visage et sur le corps, et à se réfugier chez un voisin, qui donnera l'alarme, vers 2h00 du matin.

Sébastien Pastot, qui connaissait les lieux pour y avoir effectué des travaux de maçonnerie, et Franck Théobald, copain de bistrot qui avait accepté de participer à ce « coup », étaient au final repartis avec un maigre butin de 60 euros et quelques bouteilles d’alcool. Poursuivis pour séquestration en vue de la commission d'un crime, à savoir un vol avec arme, les deux hommes encourent 30 ans de réclusion criminelle.

Des faits barbares d’une extrême violence

Lors de l’audience, les six jurés et les trois magistrates professionnelles ont pu voir les photos prises par les enquêteurs des larges taches rougeâtres qui maculaient les murs, le sol et un radiateur du domicile de Denys Tichit, ainsi que d'impressionnants clichés de son visage tuméfié. "Je suis policier, j'ai l'habitude des scènes de crime. Mais là, on aurait dit qu'on avait tué le cochon", a réagi, mardi, Félicien Girard, le gendre de Denys Tichit, au sujet du calvaire enduré par son beau-père il y a deux ans et demi.

La violence des faits a été également soulignée mardi par le gendarme de la section de recherche de Nîmes, chargé de la direction de l'enquête sur ce braquage : « Je pense qu'il a été projeté contre le mur puis traîné jusqu'à son garage. Ça a été très violent et ça a duré très longtemps. Ce sont des choses que je n'ai pas souvent vues et eux, ils en rigolaient », a-t-il expliqué, en évoquant les écoutes téléphoniques réalisées pendant l'enquête.

Des séquelles de l'agression encore bien visibles

Sébastien Pastot, cheveux courts, pull noir et lunettes rondes, a d'emblée reconnu les faits qui lui valent de comparaître devant la cour d'assises de la Lozère depuis le lundi 18 octobre.

On a gâché notre vie et, c'est le plus important, on a gâché le restant de sa vie à lui.

Sébastien Pastot.

Ce maçon de 34 ans, père d'un garçon et d'une fille qu'il « ne voit plus » depuis son incarcération en mars 2019, ajoute « Je m'excuse envers la famille pour le mal qu'on a pu lui faire, je comprendrais si elle ne les accepte pas ». A ses côtés, son coaccusé, Franck Théobald, 39 ans, reconnaît également avoir participé à ce cambriolage, le 28 janvier 2019, à Chastel Nouvel mais les deux prévenus s'accusent mutuellement d'avoir porté les coups à l'octogénaire.

Depuis son agression, l’état de santé de Denys Tichit s'est brutalement dégradé. A la barre, ses voisins, son beau-fils, sa fille Cécile ou encore Odile, sa compagne, ont décrit un homme qui, malgré ses 81 ans, était « en pleine forme » jusqu'à son agression. Féru de chasse, de pêche et de jardinage, ce bricoleur touche-à-tout, qui vit désormais en maison de retraite, avait une vie de « retraité actif ». Atteint depuis lors de graves troubles cognitifs, incapable de marcher et amnésique, selon l'expertise médicale, « il est dans un autre monde », a résumé sa fille Cécile, qu'il « ne reconnaît plus » : « C'est moi qui ai nettoyé le sang de mon père sur les murs, ça non plus, jamais je ne l'oublierai ».

Le verdict est attendu ce mercredi, dans l’après-midi.

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