Le préfet de la Lozère l'avait autorisé il y a un mois, avant de faire marche arrière. Un tir de prélèvement va bel et bien être accordé sur deux communes du département, assure le député UDI Pierre Morel-À-L'Huissier. Une première en Lozère.
Dans un entretien accordé à France 3 Occitanie, Pierre Morel-À-L'Huissier, le député de la Lozère (UDI), se félicite du tir de prélèvement réclamé par les éleveurs d'ovins de son département après les attaques de loup de cette année et accordé, selon lui, par le préfet :
Le préfet de la Lozère a demandé un tir de prélèvement accordé par le préfet coordinateur. Aujourd’hui la discussion est pratiquement close puisque ce tir va être autorisé et devrait s’exercer.
Pierre Morel-À-L'HuissierDimanche en politique
"Est-ce que ça sera suffisant ?, s'interroge le parlementaire. Le loup pose problème, comment fait-on ? Si un tir suffit, parfait. Si ce n’est pas suffisant, il faudra aller au-delà." Fin septembre, un tir de prélèvement avait été annoncé par le préfet de la Lozère. Mais Philippe Castanet, avait dû faire marche arrière, le préfet coordonnateur Jean-Paul Celet lui enjoignant de passer d'abord par un tir de défense territoriale. Contacté par France 3 Occitanie, la préfecture de la Lozère n'a pas souhaité confirmer ou infirmer cette nouvelle annonce d'un tir de prélèvement, nous renvoyant vers le préfet coordonnateur qui n'a pas donné suite à nos sollicitations.
436 bêtes attaquées en 2022
"Ça fait trois mois qu'on demande à obtenir un tir de prélèvement et j'ose espérer que c'est le premier et qu'il va y en avoir d'autres, applaudit Jean-François Maurin, le président de la FDSEA de Lozère. Pour moi, il faut prélever un à deux loup(s) sur le nord du département et un sur le zone du Mont-Lozère. On a eu trop d'attaques cet été, la pression n'est plus tenable". Mais faire reculer le loup, c'est laisser sa place au chacal doré, "un canidé qui se situe entre le renard et le coyote et qui prédate les ovins", affirme Manoël Atman, le président de l’Alliance avec les loups. "Ils font beaucoup plus de dégâts sur les troupeaux".
Depuis le début de l'année 2022, 266 bêtes sont mortes dans des attaques de troupeaux en Lozère, 170 ont été blessées. Dans 83% des cas, la responsabilité n'est pas écartée. "Les chiffres ne sont encore que provisoires parce que l'année n'est pas terminées, précise Hervé Boudon, le président des Jeunes Agriculteurs de Lozère. On a passé les 430 animaux touchés, c'est un voire deux élevages qui ont disparu en Lozère cette année."
Pour éviter au maximum les attaques, les éleveurs sont encouragés à mettre en œuvre des mesures de protection comme installer des clôtures électriques ou rentrer leurs bêtes la nuit. "Les éleveurs se sentent abandonnés, affirme Hervé Boudon. Les moyens de protection qu'on leur demande de mettre en place, qu'ils mettent en place, sont inefficaces. Au mieux, ils déplacent le problème chez les voisins, au pire ils sont attaqués."
Une première en Lozère
"On ne peut pas engrillager l’intégralité du territoire lozérien, complète le député de la Lozère. Les patous ont montré leurs limites. Les mesures de protection pour lesquelles plaide le gouvernement semblent inadaptées peuvent être une réponse mais inadaptée dans des territoires comme la Lozère. Le préfet de Lozère a demandé un tir de prélèvement accordé par le préfet coordinateur. Aujourd’hui la discussion est pratiquement close puisque ce tir va être autorisé et devrait s’exercer. Est-ce que ça sera suffisant ? Le loup pose problème, comment fait-on ? Si un tir suffit, parfait. Si ce n’est pas suffisant, il faudra aller au-delà."
Au 28 octobre 2022, 134 loups ont été prélevés légalement en France, principalement en Auvergne-Rhône-Alpes et Provence-Alpes-Côte d'Azur, alors que le plafond a été fixé à 174 par l'Etat pour l'année 2022. Les préfectures d'Occitanie ont publié 131 arrêtés de tirs de défense simple, dont 65 en Lozère. Mais jamais aucun tir de prélèvement n'avait été accordé dans le département.
Faut-il autoriser la chasse au loup ?
Ce 30 octobre à 11h30, votre émission Dimanche en politique sur France 3 Occitanie est consacrée à la thématique du loup. Depuis 1992 et son retour en France, le nombre de ses individus ne cessent de croître, son territoire de s’étendre. Le loup fait désormais partie du quotidien de nombreux agriculteurs. En Lozère, dans le Gard, le Lot, les Pyrénées et en Ariège, il a laissé sa trace cet été, s’attaquant à des troupeaux, effrayant des bergers.
Certains éleveurs, excédés, l’ont fait savoir lors de manifestations. Face aux dommages causés à leurs troupeaux, ils demandent une régulation plus drastique de leur population par des tirs de prélèvement. Mais le loup est une espèce protégée en France, qu’on a longtemps crue disparue. Alors faut-il autoriser la chasse au loup ? Les tirs létaux sont-ils vraiment efficaces ? Les tirs d’effarouchement ne peuvent-ils pas suffire ?
Alexandre Rozga en débat en plein cœur de la Lozère avec ses invités : Perrine Runel-Galzin, éleveuse d’ovins et victime d’attaques cet été, Hervé Boudon, président des Jeunes Agriculteurs de Lozère, Jean-François Maurin, président de la FDSEA Lozère et Manoël Atman, président de l’Alliance avec les loups, délégué pour l’Auvergne-Rhône-Alpes et porte-parole de l’Observatoire des Loups