C'est une victoire pour les défenseurs des animaux: la chasse au mouflon en Lozère, qui bénéficiait d'une dérogation préfectorale pendant le confinement au titre de la régulation des espèces, a été suspendue par la justice lundi.
L'arrêté préfectoral pris en Lozère le 10 novembre autorisait les chasseurs à participer à des "missions de régulation de la faune sauvage" sur plusieurs espèce dont le mouflon. Le tribunal administratif de Nîmes a estimé que la chasse aux mouflons était "susceptible d'entraîner des conséquences au caractère irréversible pour la faune sauvage".
"Le tribunal a reconnu l'absence de dégâts causés par le mouflon", s'est félicité Me Matthieu Victoria, conseil de la Ligue de protection des oiseaux (LPO) et de l'Association pour la protection des animaux sauvages. Les deux associations ont déposé des référés et des actions au fond devant les tribunaux administratifs de 23 départements dont la Lozère, dénonçant les arrêtés autorisant la chasse pendant le confinement, notamment "de mouflons, chamois, renards, blaireaux, pigeons, et même des cormorans, espèce pourtant protégée". La population de mouflons dans le département ést estimée à 300 ovins.
Il n'y a pas d' urgence à tuer des mouflons !
" Nous sommes très contents, il n'y a pas besoin de réguler la population de mouflons en Lozère ou ailleurs. Il n'y a pas d'attaques de la flore, le mouflon ne se reproduit pas en ce moment, il ne prolifère pas," explique Yves Vérilhac, directeur général de la LPO France. " Le tribunal nous a donné raison. C'était un laisser-faire pour que les chasseurs s'adonnent à leurs pratiques. "
300 mouflons en Lozère
Ces animaux, d’une quarantaine de kilos pour une hauteur au garrot d’environ 70 cm, apprécient de vivre dans les zones rocailleuses avec du relief. Les mouflons ont été introduits en Lozère dans les années 1950 et ont ainsi élu domicile en amont des gorges du Tarn, étendant leur territoire jusqu’à la vallée de l’Hérault. Les mouflons vivent en groupe d’une dizaine d’individus jusqu’à plus de 50. Ils sont visibles à l’aube et au crépuscule lorsqu’ils sortent de la végétation. Les mâles se reconnaissent grâce à leurs cornes annelées et recourbées qui peuvent atteindre jusqu’à un mètre de long et peser une dizaine de kilos. Physiquement, le mouflon ressemble au mouton, il a une robe fauve à brune avec le museau, le ventre et les pattes blanches.Des chasseurs peu convaincus
De son côté, la Fédération des Chasseurs de Lozère déplore le fait que le tribunal n'ait pas retenu les arguments qu'elle avait déposé pour obtenir l'arrêté qui leur permattait de chasser le mouflon pendant cette période de confinement. Pour les chasseurs, le mouflon fait des dégâts chez les agriculteurs .
" Il y a des dégâts ! Certes, pas autant qu'avec les sangliers, mais les mouflons viennet brouter chez les agriculteurs. Les agriculteurs ne font pas des cultures pour nourrir les mouflons ! Et c' est suffisant pour un plan de chasse, " explique Joseph Matera, directeur de la Fédération des chasseurs de Lozère.
Depuis le reconfinement, pendant lequel la chasse est interdite, le ministère de la Transition écologique a autorisé des prélèvements de sangliers et de cervidés et "exceptionnellement" d'autres espèces chassables qui pourraient provoquer des dégâts sur les cultures, mais uniquement à cette fin et sur demande de l'autorité administrative.
Le tribunal de Nîmes a rejeté en revanche la demande de suspension de l'arrêté préfectoral portant sur la chasse des sangliers, des cerfs, des élaphes et des chevreuils.