Plusieurs attaques attribuées au loup ont été signalées fin juillet dans les Cévennes, poussant les agriculteurs à réclamer de nouveau des tirs de prélèvement contre l'espèce protégée. La préfecture de Lozère indique de son côté que la population est passée de quatre loups à une douzaine mais qu'ils causent moins de dégâts depuis un an.
Plusieurs éleveurs se sont plaints d'une recrudescence des attaques de loups dans les Cévennes, entre la Lozère et le Gard, notamment au niveau du massif de l’Aigoual et à Saint-Sauveur-Camprieu.
L'un d'eux a posté sur Facebook des photos de son bélier déchiqueté fin juillet. La piste du loup est évoquée, mais elle reste à confirmer. Une attaque de chien malinois sur un troupeau de brebis a été signalée jeudi 27 juillet dans l'Hérault.
Des attaques moins meurtrières mais focalisées dans le sud
La préfecture de Lozère indique que le nombre d'animaux blessés ou tués par des loups dans le département a légèrement diminué entre 2022 et 2023, mais que les attaques se sont davantage concentrées dans le sud du département cette année, alors qu'auparavant, elles avaient plutôt lieu dans le nord.
Dans le détail, dans l'arrondissement de Florac (Cévennes), entre le 1er janvier et le 7 août 2022, ce sont dix attaques qui ont été attribuées, vraisemblablement, au loup, causant la mort de 33 animaux et en blessant 17 autres. À la même période en 2023, ce sont également dix attaques qui ont été associées au canidé sauvage, avec cette fois-ci un bilan moindre, puisque 14 animaux ont été blessés et trois tués, soit une baisse de 66% du nombre des victimes en un an. À noter que quatre dossiers (impliquant quatre animaux tués) sont en cours d'instruction.
Le loup prolifère en Lozère. La préfecture affirme qu'à la sortie de l'hiver 2022-2023, entre 10 et 12 individus ont été identifiés, contre quatre l'hiver précédent. Sept arpentent actuellement le territoire des Cévennes.
Les éleveurs réclament des prélèvements
"Les attaques de loups ne sont pas nouvelles en Lozère, mais on constate une recrudescence depuis l'année dernière", constate quand à lui Hervé Bodin, président du syndicat JA (Jeunes Agriculteurs) de Lozère, qui a installé jeudi dernier des affiches de sensibilisation au bord des autoroutes. "On a environ trois à quatre attaques par semaine ces derniers mois, notamment dans le sud du département. On a carrément un éleveur qui a été attaqué neuf fois en un mois et demi."
En mai 2023, selon la DDTM (Direction Départementale des Territoires et de la Mer), alors que le nombre total de victimes indemnisables ou en cours d’instruction suite à une attaque de loup est globalement en baisse en Occitanie par rapport à la même période en 2022, le département de Lozère compte 49 dossiers supplémentaires. Selon la même source, 34 victimes ont été indemnisées en 2022, contre 7 en 2021.
Pour répondre à la situation, le syndicaliste préconise d'autoriser les prélèvements, c'est-à-dire les abattages de loups. Le 26 septembre dernier, un arrêté préfectoral avait autorisé pour la première fois un tir de prélèvement en Lozère, au niveau du massif de la Margeride, pour une durée d'un mois, à l'issue d'une manifestation d'éleveurs en colère à Mende (Lozère). Occasion manquée pour les chasseurs, aucun loup n'a été aperçu durant cette période. Aujourd'hui, les éleveurs du département ne sont autorisés qu'à des tirs de défense, c'est-à-dire lorsqu'ils sont directement témoins d'une attaque sur leurs troupeaux.
Il faut qu'on puisse se défendre, mais le problème, c'est que c'est une espèce protégée.
Hervé Boudon, président des Jeunes Agriculteurs de Lozère
"Toutes les mesures prises dernièrement n'ont pas marché, déplore Hervé Boudon, qui ne croit pas en l'efficacité des tirs d'effarouchement et qualifie de "bricolage" les aides de la PAC pour acheter des grillages renforcés ou encore des chiens de troupeaux. "Ce ne sont pas les indemnités données qui compensent le mal-être des éleveurs et les pertes dans les troupeaux." En 2022, le laboratoire AGIR du centre INRAE Occitanie-Toulouse a documenté les conséquences, parfois invisibles, du loup sur la santé, la vie professionnelle et personnelle des éleveurs.
Le loup est une "espèce strictement protégée" par la Convention de Berne de 1979, ratifiée par la France en 1990. L'animal bénéficie du plus haut degré de protection, mais des dérogations sont possibles, notamment en cas d'attaques.
En France, le nombre annuel de prélèvements autorisés du canidé est égal à 19% de l'effectif moyen estimé l'année en question. Concernant l'efficacité des tirs de prélèvement sur les dommages aux troupeaux, une thèse publiée en 2021, sous la direction de l'Office Français de la Biodiversité, indiquait qu'elle variait grandement d'une zone géographique à une autre.