C'était un voeu des pouvoirs publics dans les années 1970 ; transformer Langogne en St Tropez de la Lozère, avec un magnifique lac de plus de 1000 hectares, le lac de Naussac. Une promesse restée lettre morte.
Situé au Nord-est de la Lozère, le lac de Naussac fait partie des infrastructures mises en place par l'Etat au milieu des années 70, et qui n'ont pas tenu toutes leurs promesses.
La promesse des pouvoirs publics ; transformer Langogne en St Tropez de la Lozère, avec son lac de plus de 1000 hectares. En vérité, le lac va surtout servir de maintien d'étiage pour les centrales nucléaires de la Loire, situées en amont.
Pourtant, les initiateurs de ce projet ont continué à vendre du rêve aux habitants d'un village amené à disparaître, notamment l'arrivée de touristes, et l'implantation d'usines.
Nous prévoyons de développer les activités touristiques en utilisant le lac de Naussac, avec les possibilités qu'il donne pour faire de la voile, y construire des résidences tout autour. Il y a des possibilités de petits développements industriels à Langogne. Somival, qui a des activités dans la promotion d'activités industrielles, pourra, s'il trouve des candidats, essayer de construire des usines et créer des emplois à Langogne.
- Pierre Coulbois, directeur général de la Somival (1976)
Un village et des exploitations agricoles disparus
À l'époque, en 1976, le village de Naussac abrite une cinquantaine d'exploitations agricoles et plus de 1200 hectares de terres cultivables. La retenue d'eau devrait noyer les fermes et faire disparaître le village. Les paysans lozèriens ne voulaient donc pas entendre parler du barrage.
Mon fils a acheté une propriété, il a fait des emprunts et tout... Mais on va éliminer toutes ses terres, il va rembourser ses emprunts avec quoi ? On va se battre avec la Somival !
- Un agriculteur de Naussac (1976)
La Somival, c'est la société d'économie mixte qui va piloter le dossier. Malgré les protestations, le projet est officilement lancé. L'Etat affirme qu'il en va de la sécurité des centrales nucléaires situées en aval. Ce sera le début d'une lutte qui va durer près de 20 ans entre les collectifs opposés au barrage et les pouvoirs publics.
Manifestatons et incendie d'engins de chantier vont ponctuer l'actualité locale dans les années 70-80. Une sorte de Larzac avant l'heure. Malgré les oppositions, le plan d'eau va voir le jour à la fin des années 1980, avec à la clé, de nombreuses expropriations.
Les élus, les députés, les préfets, les conseillers généraux, tous faisaient du porte-à-porte pour dire au gens de signer, en faisant du chantage. On leur disait qu'il y aura de l'argent pour les premiers, mais qu'après il y en aura plus.
- Un habitant (1976)
Aujourd'hui, le barrage est construit et tient son rôle de soutien d'étiage, mais le beau rêve touristique ne s'est pas réalisé.
Le plan d'eau est soumis à la loi littoral, qui empêche tout aménagement de masse. Seuls quelques rares baigneurs et plaisanciers viennent désormais troubler la quiètude des eaux calmes du lac de Naussac.