En une semaine, un même élevage de la commune d'Estables en Lozère a perdu 14 brebis dans une probable attaque de loup. Une vingtaine d'ovins est aussi blessée. La Coordination Rurale réclame un tir de défense renforcé contre le prédateur. En attendant, le bétail restera enfermé à la bergerie.
En Lozère, les éleveurs sont en colère après qu'un troupeau a été attaqué deux fois en une semaine par un prédateur à Estables, sur la commune des Monts-de-Randon. Le loup est le principal suspect.
Dans la seule nuit de dimanche à lundi, 4 brebis sont mortes, ce qui porte le total à 14 en une semaine. Une vingtaine de bêtes est aussi blessée, certaines victimes ne survivront pas selon Alain Pouget, le président de la Coordination Rurale de Lozère et d'Occitanie, membre du Groupe National Loup, qui s'est rendu sur place.
Autopsies et indices
Des agents de l'Office Français de la Biodiversité (OFB) ont été dépêchés à Estables pour effectuer les autopsies et relever les indices qui permettront d'identifier l'auteur de la dernière attaque (hématomes, perforations au niveau du coup). Pour ce qui est de la première prédation de la semaine, les résultats ont été rendus hier et la terminaison officielle "loup non exclu" mentionnée sur le rapport ne fait guère de doute.
Un tir de défense renforcé réclamé par les éleveurs
Une réunion a donc eu lieu en urgence avec la directrice adjointe de la Direction Départementale des Territoires de la Lozère, chargée de constituer le dossier. La Coordination Rurale 48 a réclamé un tir de défense renforcé, soit une gradation dans la riposte puisque des tirs de défense simples avaient déjà été accordés à l'éleveur, victime du loup à plusieurs reprises depuis 2016.
Fin prématurée de l'estive
Cette procédure, très encadrée car le loup est une espèce protégée, est toutefois soumise à l'approbation du préfet de la Région Auvergne/Rhône-Alpes, coordonnateur du Plan National Loup. S'il donne son feu vert, la préfecture de Lozère prendra alors une arrêté autorisant le tir soit par des agents de l'OFB, soit par des louvetiers, soit par des chasseurs. Au mieux, cela ne pourra pas intervenir avant un mois.
En attendant, le troupeau ne sortira plus de la bergerie selon Alain Pouget :
L'éleveur gardera sa centaine de brebis à la bergerie alors que d'habitude à cette période, le troupeau est en estive. Nous demandons donc une prise en charge financière, sur les fonds propres de la préfecture, du surcoût pour l'éleveur. Car garder les bêtes enfermées signifie qu'il faut entamer les réserves de fourrage prévues pour l'hiver pour les nourrir.
170 jours pour être indemnisé
Concernant les indemnisations liées à la perte de ses bêtes, l'éleveur s'impatiente car il attend toujours celles qu'il devait recevoir au titre des attaques subies en 2020. Le délai moyen d'indemnisation au niveau national est de 170 jours. De quoi énerver Alain Pouget : "ça nous exaspère, on est excédés, car le préjudice est financier, mais aussi moral et psychologique".
Officiellement, aucun loup n'a été prélevé en Lozère depuis la mise en place du dispositif.