Le 6 novembre 1971 était lancée la première grande mobilisation pour s'opposer à l'extension d'un camp militaire sur le causse du Larzac. La lutte va durer 10 ans. Retour en images sur ce combat historique qui en inspire d'autres depuis maintenant 50 ans.

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Tout démarre avec les déclarations de Michel Debré, le 28 octobre 1971. S'exprimant à la télévision, le ministre de la Défense nationale annonce sa décision d’étendre un camp militaire sur le plateau du Larzac. L'extension prévoit une occupation terrienne, passant de 3.000 à 17.000 hectares. Des agriculteurs, des paysans, se retrouvent menacés d'expropriation. Les conditions sont alors réunies pour mener à une vaste mobilisation.

Une première manifestation d'envergure est organisée à Millau, le 6 novembre 1971. Déjà, plusieurs milliers de personnes se rassemblent pour dénoncer le projet d'expropriation de plus de 500 personnes, implantées sur le plateau du Larzac.

Cortèges, du Larzac à Paris

Gardarem lo Larzac. Nous garderons le Larzac, en occitan. Derrière ce cri de guerre, dix années de mobilisation pacifique vont se succéder. Et pas seulement sur le Causse.

À l'automne 1972, les paysans du Larzac conduisent un troupeau de brebis sur les pelouses du Champ de Mars à Paris. Une autre manifestation d'envergure en direction de la capitale s'organise début janvier 1973. Une colonne de tracteurs monte vers Paris afin de se faire entendre.

Des dizaines de milliers de personnes soutiennent la désobéissance civile

18 août 1974, une marée humaine occupe le plateau du Larzac. "Cette lutte nous a fait connaître beaucoup de monde. Si on avait été tout seul, on n'aurait certainement pas gagné", nous disait Alain Alla en avril 2021. L'agriculteur, désormais à la retraite, est l'un des 103 paysans ayant refusé de se laisser exproprier il y a 50 ans.

En l'espace de deux, trois ans, la lutte du Larzac est devenue un mouvement sans frontière. Le combat contre l'extension du camp militaire n'est plus seulement l'affaire de paysans de l'Aveyron. Deux étés de suite, en 73 et 74, d'énormes rassemblements ont lieu. Dans la foulée de mai 68, c'est la convergence des luttes. Les chiffres donnent le tournis : 60.000 à 100.000 personnes occupent la terre, toujours convoitée par l'État.

Larzac : terre d'accueil de figures militantes

José Bové a rejoint la lutte en 1973. Trois ans plus tard, il s'installe avec femme et enfant sur le plateau, élève des brebis. Et devient l'un des plus célèbres militants du Larzac.

Mai 1981 : François Mitterrand accède à la présidence de la République. Il annonce immédiatement l'abandon du projet d'extension du camp militaire du Larzac. Mais ce territoire est devenu si symbolique qu'il va continuer à attirer les foules militantes.

José Bové en est un exemple. Le 24 avril 1985, il accompagne une autre figure : le leader du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), Jean-Marie Tjibaou.

Année après année, le causse aveyronnais accueille régulièrement rassemblements et autres évènements militants comme avec les altermondialistes dans les années 2000.

La gestion collective des terres agricoles

Depuis 1985, l'Etat a mis à disposition des terres aux paysans et habitants du plateau. Dans la foulée, une Société Civile des Terres du Larzac (SCTL) a vu le jour.

Avec dix autres agriculteurs, Laurent Réversa, éleveur de brebis s'occupe de ce collectif. Missions de la SCTL : gérer le patrimoine foncier et décider avec qui signer les baux ruraux. Ce sont donc "les anciens" qui sélectionnent les nouveaux arrivants, venus de toute la France, en fonction de leur projet et de leurs valeurs.

La Société Civile des Terres du Larzac est implantée sur 12 communes et 4 cantons de l’Aveyron.

Elle gère une superficie de 6.378 hectares de terres. Cette gestion collective est unique en France.

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