Deux bons toros de Fuente Ymbro autorisent l'expression de deux tauromachies différentes. Le débutant José Garrido montre une belle maturité. Sans son échec à l'épée, il coupait une oreille. Le vétéran El Fandi retrouve une nouvelle jeunesse. Mais le président de la course ne s'en rend pas compte.
Ni Garrido après la mort du troisisième, ni El Fandi après celle du quatrième ne se sont crus autorisés à donner un tour de piste. Ils avaient pourtant offert au public madrilène deux faenas qui leur auraient permis de couper les oreilles dans toute autre arène.
José Garrido avait de quoi s'en vouloir. Face à Tremendo, un noir de 533 kilos aux charges longues et aux cornes pas bien courtes, il a affiché une parfaite maîtrise technique comme l'ont souligné les maestros Emilio Múñoz et César Rincón en charge du commentaire en direct à la télé. Il a trouvé sans tarder la bonne distance et le rythme juste. Un coup dépée défectueux et un descabello ont suffi à démolir cette œuvre.
On l'avait noté à Séville, ça s'est confirmé hier à Madrid : El Fandi s'est débarrassé de tous les effets grossiers destinés à en mettre plein la vue au public des villages. Même avec les banderilles (dont il reste le maître) il a fait preuve d'une sobriété bien venue dans ces arènes. Hortelano, un marron de 551 kilos, avait à la cape des charges déconcertantes. Mais la muleta de Fandi a tout remis en ordre. À part le tendido 7, toute l'arène a vibré. Frappé d'une soudaine cécité (rien n'est plus aveuglant que les préjugés), le Président de la course n'a pas vu les mouchoirs qui réclamaient l'oreille.
Miguel Ángel Perera, vieil ami du ganadero, a eu en partage deux toros impossibles.
Mardi 17 mai
Madrid, plaza de toros de Las Ventas
Septième corrida de la feria de San Isidro.
Toros de Fuente Ymbro, meilleurs les 3 et 4 (applaudis à l'arrastre)
David Fandila "El Fandi" : silence et salut
Miguel Ángel Perera : silence et silence
José Garrido : salut (un avis) et silence (un avis)
Entrée : 95%