5 personnes sont renvoyées à partir de ce lundi devant la Cour d’Assises du Tarn. Ils sont accusés d’avoir tué ou participé au meurtre de la Castraise Myriam Fedou Bonsirven, dont le corps calciné avait été retrouvé en 2017, dans l’Aude, près de Roullens.
Le 24 septembre 2017, au petit matin, les pompiers font une macabre découverte en bordure de la départementale 221, entre Roullens et Lavalette dans l’Aude. Ils découvrent un corps calciné, mais l’état de la victime ne permet pas de l’identifier. Le 5 octobre, une information judiciaire pour " enlèvement et séquestration suivie de mort " est ouverte par le parquet de Narbonne.
L’enquête est confiée aux gendarmes de la brigade de recherche de Limoux, associés à leurs homologues de la section de recherche de Montpellier.
Le 10 octobre, " à la suite d'examens médicaux approfondis " comme l’expliquera David Charmatz, procureur de la République de Narbonne, le corps est enfin identifié. Il s'agit de Myriam Fedou Bonsirven, née en 1979 à Albi. Elle vivait dans le Tarn et n’exerçait pas de profession. Elle était mère de deux enfants mineurs, de 11 et 14 ans, qui bénéficiaient d’une mesure de placement en foyer décidée depuis peu par le juge aux enfants de Castres.
L’autopsie de la victime, âgée de 37 ans au moment de sa mort, permet d'établir qu'elle était sans doute décédée avant d'être brûlée, puisqu'un projectile avait été retrouvé dans sa tête.
Un sombre affaire de voiture volée
Début janvier 2018, l’enquête s’accélère. 7 personnes, dont une femme, sont placées en garde à vue dans diverses brigades de la compagnie de gendarmerie de Limoux. Tous ces individus ont été arrêtés dans le département du Tarn, d'où était originaire la victime, Myriam Fedou Bonsirven. La piste d’un crime lié à une dispute qui aurait mal tourné semble alors se confirmer.
L’audition des suspects permet finalement aux enquêteurs de résoudre l’affaire. 4 des 7 suspects placés en garde-à-vue reconnaissent alors leur participation au meurtre de Myriam Fedou Bonsirven. Deux sont mis hors de cause. Et un scénario se dessine tout comme le mobile du meurtre.
Faire pression sur la victime
Selon le parquet, le 23 septembre 2017, les auteurs présumés de ce crime, âgés de 20 à 34 ans, et qui évoluent dans un milieu marqué par l'alcool et la toxicomanie, sont allés chercher la victime " pour la forcer à s'expliquer sur sa responsabilité dans le vol d'un véhicule ". " Munis d'une arme, ils l'ont conduite dans une maison abandonnée du côté de Cambon-lès-Lavaur, à la campagne, pour lui mettre la pression ".
C'est alors qu'un des membres du groupe aurait "menacé Myriam Fedou Bonsirven d'un pistolet sur le front pour qu'elle parle et qu'il aurait tiré accidentellement, la tuant", selon le parquet. Ils auraient ensuite tenté de faire disparaître les traces du crime, tenté d'extraire le projectile du crâne et déplacé le corps dans l’Aude, où il a été incendié avec de l'essence.
Renvoyés aux Assises pour "enlèvement et séquestration suivis de mort"
A l’issue de leur audition et après ces aveux qui laissent néanmoins quelques zones d’ombre, 5 personnes sont mises en examen. 4 d’entre elles sont placées en détention provisoire, la cinquième lui fait l'objet d'un placement sous contrôle judiciaire. Ils vont tous être jugés lundi devant la Cour d’assises du Tarn.
A la barre, comparaîtra un couple résidant à Puylaurens (Tarn), dont la femme n'est autre que la victime du vol de voiture. Maître Pierre Dunac, l’avocat de la jeune femme explique : “ Même si elle est à l’origine du litige qui a coûté la vie à la victime, ma cliente a été dans un cours d’évènements qui l’ont totalement dépassée. Il y a eu un enchaînement malgré elle ”. A aucun moment, argumente t-il, sa cliente imaginait une telle issue. Alors pourquoi ne pas avoir dénoncé ce crime auprès des gendarmes ? “ Le groupe qui l’accompagnait l’en a empêché. Elle était sous pression ” explique Maître Pierre Dunac.
C’est l’instant grégaire poussé à son paroxysme. L’effet de groupe poussé à son extrême.
Elle et son compagnon, considérés par les enquêteurs comme des pièces centrales du crime, sont poursuivis pour "enlèvement et séquestration suivis de mort". Tout comme le tireur. Le quatrième protagoniste - qui comparaît libre - est quant à lui poursuivi pour "recel de cadavre et modification d'une scène de crime". Une cinquième personne est poursuivie pour “violence avec usage ou menace d’une arme en réunion”.
Maître Olivier Boonstoppel est l’une des deux parties civiles à ce procès. Il représente Sylvain Fedou Bonsirven, le frère de Myriam, la victime. “ Les faits sont assez clairs, on a une idée assez précise du rôle de chacun ”. Comment expliquer ce crime ? “ C’est l’instant grégaire poussé à son paroxysme. L’effet de groupe poussé à son extrême aussi ” accuse t’il. Et de souligner l’acharnement du groupe sur la dépouille de la victime. “ Pourquoi sont-ils allés si loin ? Ils ont mutilé le corps, essayé d’extraire une balle, brûlé le corps. Je ne comprends pas comment on en est arrivé là ” explique l’avocat des parties civiles.
Prémiditation pas retenue
Reste la question de la préméditation. Elle n’a pas été retenue par les magistrats, quand ils ont renvoyé les 5 accusés devant la Cour d’Assises. Le groupe voulait-il tuer Myriam Fedou Bonsirven ou le coup est-il parti accidentellement ? Mais Maître Olivier Boonstoppel en convient : “C’est l’une des questions qui va être discuté lors de ce procès. Ce qui est sûr, c’est que toutes les conditions étaient réunies pour que l’issue soit celle-ci. Rien n’obligeait l’auteur du coup de feu à dégainer son arme, à la pointer sur la victime”.
Les 5 prévenus encourent des peines allant jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité.