Des experts ont rapidement déterminé que le meurtre de Patricia Bouchon était une tentative de viol qui a mal tourné. Ils ont témoigné au deuxième jour du procès en appel de Laurent Dejean devant un accusé impassible. L'homme âgé de 42 ans nie toujours. Il tient souvent des propos incohérents.
Au deuxième jour du procès de Laurent Dejan devant la cour d’assises du Tarn, mardi, des gendarmes spécialisés en analyse comportementale ont expliqué leur travail lors de la disparition de Patricia Bouchon. Ils interviennent sur des scènes de crime pour tenter de déterminer quel type d’individu a pu commettre le meurtre et pour quelle raison.
Une tentative de viol qui a mal tourné
Le 15 février 2011, au lendemain de la disparition de la joggeuse, les gendarmes trouvent une série d’indices dans un chemin sans issue à Bouloc. Des effets personnels, un élastique, une boucle d’oreille et de nombreuses traces de sang. Les riverains disent avoir entendu dans la nuit des cris et les pleurs d’un homme s’excusant.
Le 29 mars, le corps de la quinquagénaire est découvert à une dizaine de kilomètres de là dans un fossé. Un morceau de gant en plastique est retrouvé au fond de sa gorge laissant penser que le meurtrier a voulu la faire taire. Son tee-shirt est relevé avec le soutien-gorge et le pantalon est baissé laissant apparaître la culotte. Pour les experts, il y a une intention sexuelle qui n’a pas abouti. Les nombreuses lésions de lutte montrent une volonté de maîtriser plus que de tuer. En clair dit l’officier de gendarmerie devant la cour d’assises, c’est une tentative de viol qui a mal tourné.
Quant au profil-type du meurtrier selon ces experts, il s’agit de quelqu’un qui peut avoir une forme d’isolement, une personnalité égocentrique avec une possible impulsivité, de la colère et une détermination à passer à l’acte.
Les propos incohérents de Laurent Dejean
Laurent Dejean est invité à s’exprimer chaque fois qu’une personne vient témoigner. Cet homme aujourd’hui âgé de 42 ans parle d’une voix forte et assurée. Mais parfois, ses propos sont incohérents. Quand le président de la cour d’assises l’interroge sur ses habitudes de drogue. Il dit qu’il prend de la cocaïne de temps en temps ; le week-end mais pas en semaine. Pourtant, il avait déclaré dans ses auditions se droguer pour être plus performant au travail lui fait remarquer Noël Picco.
-Donc, c’était aussi en semaine ?
-Oui, ça me tenait éveillé comme si je buvais une cafetière de café, dit Laurent Dejean
-Et le cannabis ?
-Le soir pour dormir
La veille, le président avait interrogé Laurent Dejan sur Patricia Bouchon.
-Vous aviez déjà croisé Patricia Bouchon ?
-Non, je ne l’ai jamais vue
-Cela ne correspond pas à vos déclarations précédentes lui dit le président de la cour d’assises. Vous avez dit lors de vos auditions : je l’avais déjà vu courir à Bouloc très tôt le matin.
-Non, madame Bouchon je ne la connais que dans les Médias ou je l’ai peut être vue à l’arrêt de bus mais à 4 heures du matin je dors, j’ai un emploi. C’est possible que je l’ai dit mais je n’en ai pas le souvenir.
En 2014, reprend le président, vous avez dit lors d’une audition : je me souviens que je l’ai vue en sortant du bureau de tabac, j’ai regardé son cul, je ne lui ai pas parlé.
-Ah non je conteste, je ne suis pas le genre de gars qui soulève les jupes des filles ! Je ne suis pas un menteur. C’est le juge d’instruction qui l’a écrit alors que j’ai dit autre chose.
-Ce sont les gendarmes.
-Les gendarmes ont fait quelque chose de pas bien pour moi.
L’avocat de la défense tient à préciser : "c’est une difficulté à laquelle on va être confronté à plusieurs reprises. Ce monsieur n’a pas de problème de mémoire. En raison de sa pathologie, il se fabrique de faux souvenir mais il faudra attendre l’expert psychiatre le 8ième jour de ce procès pour en parler."
Laurent Dejean souffre de schizophrénie depuis de nombreuses années. Il est d'ailleurs placé sous curatelle.