La fondation Abbé Pierre a remis lundi ses prestigieux "pics d'or". Ce prix récompense les pires dispositifs anti-SDF dans les centres-villes. A Montpellier, la situation est alarmante.
La fondation Abbé Pierre a remis lundi ses prestigieux "pics d'or"... Ironie bien sûr, puisque ce prix récompense les pires dispositifs anti-SDF... Une situation alarmante puisque ces pics se multiplient dans le centre ville de Montpellier.
Impossible de s'assoir ou même de s'abriter devant les commerces.
Les pics anti-SDF sont visibles un peu partout en centre-ville. Un mobilier urbain agressif que dénoncent les premiers concernés.
"Avant on pouvait s'assoir là et maintenant on peut plus… Je trouve qu'à Montpellier ils en font un peu trop contre les SDF " , soupire Hervé, SDF
"C'est fait pour nous empêcher, moi je fais la manche mais devant les commerces, ça fait pas bon effet " , souligne cet autre sans domicile fixe.
"Choquant" ou "dégueulasse"
Et pour certains Montpelliérains, cette démarche est même inadmissible :"Moi ça me choque, je trouve ça vraiment malsain de les faire partir avec des méthodes pas vraiment officielles, de trouver des excuses pour dire que c'est pas contre les SDF mais c'est quand même pour ça que c'est fait".
« Ça me parait un peu violent de se dire les mecs dorment ici, donc on va leur mettre des pics et ils y dormiront plus… Solution simple mais vraiment malsaine »Ils n'ont pas de logement, rien du tout, le peu pour se tenir au chaud on leur enlève... c'est pas normal, c'est dégueulasse ce qu' ils font.
Pics, grilles en métal
Pics, grilles en métal, accoudoirs gênants… Si certaines villes, comme Paris ou Toulouse, ont fait l'effort de retirer les dispositifs les plus gênants, il n'en est rien du côté de Montpellier.Alors pour dénoncer ce système, la fondation Abbé Pierre invite les citoyens à prendre des photos de ces procédés.
L'association a même créé le hashtag « Soyons humains ».
« L'alerte qu'a lancée la fondation autour des Pics d'or, finalement a amené la société civile à réagir plus fortement, et à se mobiliser et à remarquer peut-être différemment, et plus expressément ces dispositifs qui sont posés un peu partout dans la ville", souligne Sylvie Chamvoux, directrice régionale Fondation Abbé Pierre
A Montpellier, au moins 3 000 personnes vivent actuellement dans la rue.A Perpignan, depuis le début de l'année, deux personnes sans abris sont décédées. Dont une cette semaine, il s'appelait Jean Pierre, il avait 61 ans. Alors ce samedi 7 mars en réaction, plusieurs associations ont organisé une marche pour leur rendre hommage. Elles réclament des mesures fortes pour les aider à sortir de la précarité.
Dans la nuit du 24 au 25 février, Jean-Pierre, un homme de 61 ans est retrouvé décédé près de la gare, dans un coin de rue où il avait pris ses habitudes.
Mika l'ami de galère en parle comme d'un frère.
Je lui ai dit : tes conditions de vie, je les connais. Il y a des gens gentils qui vous donnent à manger
"Un tonton, il fait partie de nos coeurs"
Dans le quartier, il était connu par certaines habitantes qui ressentent aujourd'hui une immense tristesse."Jean Pierre, une fois, on a fumé une cigarette ensemble et tous les soirs avec mon chien on allait le voir C'était comme un tonton, quelqu'un d'extraordinaire..."
Jean-pierre, une personne en or ... Il fait partie de mon coeur...
Devant la gare, une centaine de personne s'est rassemblée et parmi elles des sans domicile fixe, avant d'entreprendre une marche jusqu'à la préfecture . Au départ, trois associations caritatives qui réclament un minimum de moyens pour un peu de dignité.
"La moindre des choses c'est de se laver ...ils ne sont reçus nulle part, ils sont jetés, sales ..Les structures ont fermé tout comme les toilettes publiques elles aussi fermées aujourd'hui ", soupire Océane, une manifestante.
Une femme décédée en janvier
En janvier dernier, c'est une femme, Françoise Papin qui est décédée après des années d'errance et de marginalisation, tout comme Jean-Pierre. Ils avaient travaillé durant toute leur vie.Suite à une série d'accidents de vie , ils ont été désociabilisés et ont fini par mourir dans la rue.