Sept vignerons, deux du Gard et cinq de l'Hérault ont été interpellés et placés en garde à vue ce lundi 15 janvier, vers 6h du matin, dont le président du syndicat des vignerons du Gard Xavier Fabre. Un rassemblement de protestation s'est tenu toute la journée à Montpellier.
Ce lundi 15 janvier, dès 10 heures du matin, ils étaient environ une centaine d’agriculteurs devant l'hôtel de police de Montpellier. Remontés, et déterminés, s'il le faut "à camper là".
L’objet de leur colère : l’interpellation, ce matin, de sept d’entre eux, avant même le lever du jour. Parmi eux Xavier Fabre, porte-parole du Syndicat des vignerons du Gard.
Beaucoup des agriculteurs présents ont pris la route aussitôt en apprenant la nouvelle, comme celui-ci, venu de Bagnols-sur-Cèze. "J’ai reçu un sms à 8h15. Ça a été une surprise. Etre ici, c’est une journée de travail perdu, mais il était important d’être là."
"Ce ne sont pas des bandits, la police mélange tout là !"
Portes défoncées
"On a toujours répondu aux convocations, c'est un scandale de défoncer nos portes comme ça" s’indigne Anthony Bafoil, du syndicat des vignerons gardois. Il dénonce la façon dont ses collègues ont été interpellés ce matin par la police.
Pendant des heures, les agriculteurs ont fait le pied de grue devant l’hôtel de police. Face à eux, des policiers et des CRS prêts à intervenir en cas de débordement. Mais les deux groupes se toisent dans le calme, si ce n’est quelques pétards et un feu allumé à midi, rapidement éteint.
Une trentaine d’affaires
Après une longue attente, les premières explications sont enfin arrivées, apportées par Nicolas Boudon, secrétaire général adjoint des Jeunes Agriculteurs du Gard, et Jérôme Despey, président de la chambre d’agriculture de l’Hérault. Ceux-ci ont pu rencontrer le préfet qui les a éclairés.
Les sept vignerons sont donc en garde à vue pour une trentaine d’affaires, datant de 2016 et 2017. Selon l’AFP, des enquêtes sont en cours sur une série de sabotages de cuves signées par des "comités d'action viticole" et sur des actions dans des supermarchés du Gard et de l’Hérault visant à protester contre des étiquettes trompeuses dissimulant du vin étranger, en particulier espagnol.
Ce soir, le procureur de Montpellier doit décider de prolonger ou non les garde à vue. "On veut que nos collègues soient dehors le plus rapidement possible", déclare Nicolas Boudon. Mais Jérôme Despey n’est guère optimiste : "ça va durer encore cette nuit", juge-t-il face à l’épaisseur du dossier.
Déjà, un nouveau rassemblement est prévu pour ce mardi 16, toujours devant l’hôtel de police.
Déjà une audition le 7 juin 2017
Le 7 juin 2017, Xavier Fabre, porte-parole du Syndicat des Vignerons Gardois, avait déjà été entendu suite aux actions syndicales menées au printemps et notamment la plainte du supermarché Géant Casino à Cap costières, à Nîmes, le 30 mars. Ce jour-là, trois grandes surfaces avaient été "visitées" par les viticulteurs : Carrefour Nîmes, Intermarché de Caissargues et Géant casino cap Costières à Nîmes. Les rayons vins avaient été contrôlés et tous les vins espagnols ou issus de la communauté européenne jetés à terre et détruits.A la sortie de leur audition, toujours ce 7 juin 2017, qui aura duré deux heures, Xavier Fabre a expliqué qu'ils avaient refusé de se laisser prélever son ADN. "Nous avons porté plainte contre les dirigeants d'enseignes de la grande distribution de la région en janvier, en février et en avril concernant des fraudes à l'étiquetage. Ils n'ont toujours pas été entendus. Nous, pour des faits qui datent de deux mois, nous le sommes déjà. Il n'y a aucune raison que l'on passe avant les autres. Il n'y a pas de justice pour les voyous de la grande distribution et du négoce."