Montpellier : une association de parents d'étudiants en médecine va porter plainte contre l'université

La réforme du cursus des études de médecine et de santé votée en 2019 et mise en place depuis septembre 2020 n'en finit pas de faire des vagues. Etudiants et parents se mobilisent et manifestent en France contre le manque de places en 2e année. Ils vont aussi demander l'arbitrage de la justice.

Depuis la rentrée 2020, finie la PACES, les futurs étudiants en santé ont désormais le choix entre un PASS ou une L.AS. Mais la mise en place de cette réforme en pleine crise sanitaire fait polémique.

Riffifi dans les universités de médecine, étudiants et parents ne sont pas d'accord avec l'interprétation de la loi faite par les différentes facultés. Selon eux, la génération d'étudiants entrée en PASS à la rentrée 2020 serait sacrifiée sur l'autel de la réforme. Car en 2021, ils feraient les frais d'un manque de places en 2e année dû au redoublement des étudiants encore régi par le système précédent de la PACES, alors qu'eux justement ne pourront plus redoubler.

Le PASS et les L.AS sont un nouveau système complexe qui devait permettre de supprimer le numerus clausus en médecine et plus généralement dans les métiers de la santé pour augmenter le nombre d'étudiants et à terme de praticiens. Mais l'interprétation par les universités de l'application de cette nouvelle organisation, durant la transition qu'est l'année universitaire 2021-2022, met le feu aux poudres.

Une bataille de chiffres et de places

A la rentrée de septembre 2020, il y avait 1.207 redoublants de PACES, 1.841 étudiants en PASS et 635 INSCRITS en L.AS à l'université de Montpellier-Nîmes. Soit, environ 3.650 personnes pour 675 places en 2e année. 320 en médecine, 72 en maïeutique, 63 en odontologie et 220 en pharmacie.

Parmi ces 675 places, 430 (le chiffre n'est ni officiel, ni confirmé) seraient réservées aux 1.200 redoublants, soit 35% de chances de réussite.
Pour les 2.400 autres "première année", qui n'ont pas le droit de redoubler, il n'y aurait plus que 250 places, soit 10% de chances de réussite.

Un système jugé "discriminatoire et injuste" par les étudiants et les parents. Pour mémoire en 2019, il y avait 3.000 étudiants en 1ère année pour 590 places en seconde année.

Un recours devant le tribunal administratif

A Montpellier, un collectif de 200 parents environ vient de se transformer en association pour déposer un recours en ce sens devant le tribunal administratif, dès ce vendredi. Pour l'association, l'Etat doit veiller à une répartition des places en 2e année plus égalitaire entre redoublants et étudiants ayant validé leur PASS.

Notre problème, c'est la perte de chance entre les classes d'âge. Les étudiants nés en 2002 et ceux en année de transition vont être sacrifiés. Notre volonté est de les défendre par tous les recours possibles. La réforme qui se veut plus juste va en fait fortement les pénaliser.

Un membre de l'association de parents.

D'autres démarches officielles sont déjà actées... Des recours devant le Conseil d'Etat formés pour 10 facultés et un autre devant le Défenseur des droits. Et 250 parlementaires ont été sensibilisés au problème.

Fin du numerus clausus

Le célèbre numerus clausus est remplacé par un numerus apertus depuis septembre 2020. Les facultés pourront faire varier à la marge le nombre d'admis. Mais le passage en 2ème année sera toujours très sélectif.

Pas de redoublement de la 1ère année PASS

Le redoublement de la première année est supprimé mais chaque étudiant dispose de deux chances pour intégrer une filière MMOPK (Médecine, Maïeutique, Odontologie, Pharmacie, Kinésithérapie) :

  • soit une en PASS puis une L.AS
  • soit deux fois depuis L.AS

Les scénarios pour intégrer la 2e année d'études médicales

Voici le schéma récapitulant les différentes façons d’intégrer la filière MMOPK via les filières PASS, L.AS ou Paramédicales.

Des exils universitaires en Europe... à venir ?

Au moment où la France manque de médecins et de personnels de santé (déserts médicaux, manque de médecins généralistes, postes vacants dans les hôpitaux et épidémie de Covid), certains jeunes motivés envisagent de partir faire leurs études ailleurs en Europe.

L'Espagne, la Belgique et la Roumanie sont des pays attractifs mais le coût pour les parents est estimé entre 70.000 et 100.000 euros pour 5 ans d'études. Un véritable investissement !

Une manifestation le 1er mars

Une centaine d'élèves de "première année" de médecine a manifesté devant la faculté à Montpellier le 1er mars dernier. Entre colère et inquiétude, ils estiment avoir proportionnellement moins de chance de réussite cette année que les précédentes. Le doyen de la faculté de médecine de Montpellier a tenté de les rassurer.
Le professeur Michel Mondain a reçu une délégation de manifestants, il se veut rassurant.
Il l'assure, dans une interview donnée ce jour-là à France 3 Occitanie : "les chiffres de réussite sont faibles mais à peu près identiques à ceux des années précédentes. Sur deux ans, on propose 33% de places en plus pour absorber les différences liées à la réforme des études de santé".

 

La réforme 2020 des études de santé en quelques mots

La philosophie de la réforme des études de santé est de ne laisser aucun étudiant sans solution : tous ceux qui ont au moins 10 sur 20 à leurs examens de fin de 1ère année passent en deuxième année. 

  • Soit en deuxième année de médecine/pharmacie/dentaire/sage-femmes ou kiné. MMOPK.
  • Soit en deuxième année de licence à l'université selon l'option choisie par l'étudiant (la "mineure") : maths, physique, informatique, droit ou économie.

A l'issue de cette deuxième année de licence, les étudiants qui le souhaitent pourront repasser le concours de médecine. S'ils le ratent à nouveau, et s'ils ont la moyenne dans leur licence, ils pourront passer en 3ème année.

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