Dans une tribune publiée dimanche 17 mai dans le JDD, des maires montent au créneau pour réclamer la tenue rapide du second tour des élections. Pour pouvoir mettre en place leurs équipes et répondre aux accusations de « campagne déguisée » qui surgissent à Perpignan ou Montpellier notamment.
21 juin ou 28 juin ? Peu importe la date, mais tous veulent un dernier round rapide.
"La démocratie ne peut pas être plus longtemps confinée", signent la maire de Paris Anne Hidalgo, le niçois Christian Estrosi ou encore Jean-Marc Pujol, à la tête de Perpignan depuis 2009.
"L'incertitude électorale qui prive les communes de leur maire aggrave encore cette situation en entravant leur action pourtant indispensable au redémarrage de notre pays."
Ces élus rappellent que plus de 25 millions d’habitants vivent dans une commune concernée par ce second tour et "qu’il est impératif de clore cette séquence électorale avant la période estivale" . Pour eux, organiser un second tour à l’automne serait source de dépenses aberrantes et irrespectueux pour les électeurs qui se sont déplacés malgré les risques le 15 mars dernier
Mettre fin aussi au suspense à Perpignan et Montpellier
Ces élections, suspendues au soir du premier tour, ont aussi laissé beaucoup d’interrogations sur l’issue de ces municipales, particulièrement dans deux villes : Perpignan et Montpellier
Dans la cité catalane, Louis Aliot candidat Rassemblement National est arrivé largement en tête, avec 17 points d’avance sur le maire sortant Les Républicains (18,44%). En 3e position, Agnès Langevine pour EELV/PS a recueilli 14,51 % des voix, devant le candidat LAREM Romain Grau (13,17 %).
Aliot et Langevine très critiques en ce moment sur la distribution de masques réalisée par Jean-Marc Pujol, qu’ils voient comme "une utilisation des moyens de la mairie à des fins électorales".
Maire-candidat face au covid : communication nécessaire ou opportuniste ?
Même accusation à Montpellier envers le maire sortant divers-gauche Philippe Saurel, de la part des Verts et sa candidate éliminée au premier tour Coralie Mantion. "La pandémie du covid 19 n’est pas une campagne électorale", communiquent-ils. Et EELV annonce vouloir saisir la Commission Nationale des Comptes de Campagne, car selon le parti "le plafond légal est largement dépassé". Dans le collimateur, les communications et la médiatisation du maire-candidat sur ses actions anti-coronavirus.
Accusations relayées aussi par le mouvement « Nous Sommes », également éliminé sur le fil le 15 mars dernier : "A Montpellier, les institutions Ville et Métropole ont disparu au profit de la communication personnelle de M. Saurel dans les médias ".
La cantine sera gratuite jusqu'à la fin de l'année scolaire pour les enfants des écoles de #Montpellier.
— Saurel Philippe (@Saurel_P) May 15, 2020
Repas froid, gourde pour l'eau.
Distanciation, séparation des flux, plus de borne de cantine, éviter le contact, lavage des mains... #COVID19@afpfr @Midilibre @GazetteLive34 pic.twitter.com/JYu6qOJbFx
Dans la capitale languedocienne, où 14 listes s’affrontaient, le maire DVG est arrivé en tête (19,11%) devant le candidat PS Michaël Delafosse (16,66%) et l’homme d’affaires Mohed Altrad (13,3%).
Le déconfinement a sonné la fin de la trève, et ces élections qui s’étirent font monter la tension dans tous les camps. Un grand flou qui peut faire autant les choux gras des édiles toujours en lice que de leurs opposants.
2 questions au politologue Emmanuel Négrier :
- Les maires candidats font-ils une campagne électorale « masquée » sur fond de coronavirus ?
Car pour le second tour, on sera forcément sur le bilan de la gestion de crise, en oubliant la compétition du premier tour.
C’est impossible de penser que ça ne fausse pas la sincérité de l’élection ».
- Les opposants peuvent-ils saisir la Commission Nationale des Comptes de Campagne ?
Dans le même temps, on est dans un contexte pré-électoral. Les dépenses sont forcément attribuées à une « logique politique », c’est complétement fou ! »
* Pour rappel, selon l’article L.52-4 du code électoral, les dépenses électorales sont les dépenses effectuées en vue de l’élection municipale pendant les six mois qui précèdent l’élection par le candidat ou pour son compte.
Pour les élections municipales 2020, la période de comptabilisation est ouverte depuis le 1er septembre 2019.
Mais cette élection à rallonge, totalement inédite, laisse beaucoup de questions en suspens sur ce point.