Une enseignante a comparu mercredi devant le tribunal correctionnel de Nîmes pour "outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique", à la suite d'une plainte de Julien Sanchez, maire Front national de Beaucaire, dans le Gard. Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 9 mars.
Le tribunal correctionnel de Nîmes a mis sa décision en délibéré au 9 mars prochain après la comparution, mercredi, d'une enseignante à la suite d'une plainte de Julien Sanchez, maire FN de Beaucaire.
"Membres d'un parti raciste et xénophobe"
Julien Sanchez et son adjoint Stéphane Vidal accusent l'enseignante de les avoir traités de "membres d'un parti raciste et xénophobe", lors du premier conseil d'administration du lycée professionnel Paul-Langevin dans lequel devait siéger le FN le 17 juin 2014.
Des enseignants, membres du conseil d'administration du lycée, avaient refusé de siéger en présence du nouveau maire Front national et d'un de ses adjoints.
Motion collective des enseignants
Cité en qualité de témoin, le proviseur de l'établissement a appuyé la thèse de l'enseignante indiquant qu'elle s'était contentée de lire une motion collective des enseignants dans lequel le FN était qualifié de "parti raciste et xénophobe".$
J'ai lu la motion et nous avons tourné les talons avec mes collègues", a déclaré à la barre l'enseignante, qui a dû depuis quitter Beaucaire pour Nîmes.
"Je suis sidérée d'être seule mise en cause", a-t-elle ajouté, dénonçant une "mesure d'intimidation par rapport à la procédure que j'ai engagée contre le maire".
L'avocate du maire FN Sylvie Josserand a violemment et longuement attaqué l'enseignante, répétant sans cesse son nom et la qualifiant de "girouette", l'accusant de "reniements".
"Elle essaie d'échapper à ses responsabilités"
"Elle ment, elle essaie d'échapper à ses responsabilités", a affirmé l'avocate de Julien Sanchez, alors que l'enseignante s'empourprait sur le banc opposé.
"Quand on dit que le FN est un parti raciste et xénophobe, on exerce son simple droit à la liberté d'expression", a rétorqué Me Eve Soulier, pour la défense de l'enseignante. Me Soulier, qui a nié toute attaque personnelle de l'enseignante contre le maire, a demandé la relaxe et 5.000 euros de dommages et intérêts.
"Propos outrageants"
"Les propos tenus sur moi dans ce tribunal (par l'avocate du maire FN) - girouette, menteuse, falsificatrice, sont outrageants", a tenu à dénoncer à la barre 'enseignante devant le président du tribunal Cyril Ozoux.
Après l'incident de juin 2014, l'équipe municipale FN avait évoqué dans un communiqué "quelques syndicalistes sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires", "dont le comportement n'a rien à envier à celui de racailles".
Le 12 janvier, Julien Sanchez a été relaxé en appel à Nîmes pour injure envers l'enseignante, membre de la CGT Education, après avoir été condamné en première instance.