Manque de reconnaissance, précarité, suivi décousu des élèves, les accompagnants d'élèves en situation de handicap sont à bout. Les AESH, sont descendus dans la rue à Montpellier, Narbonne, Carcassonne, Alès, Béziers et Nîmes ce jeudi matin.
Les accompagnants d’élèves en situation de handicap, les AESH, sont descendus dans la rue à Montpellier, Narbonne, Carcassonne, Alès, Béziers et Nîmes ce jeudi matin. A Montpellier, le cortège est parti des jardins du Peyrou, avec un mot d'ordre : " Le mépris a assez duré ! "
C'est la troisième journée de grève des accompagnants d'élèves en situation de handicap depuis le début de l'année. Ces personnels, 110 000 au total, soit 10 % des agents de l'Education nationale en France, réclament une hausse de salaire, un "véritable statut de la Fonction publique" et une amélioration de leurs conditions de travail.
En 2017, Emmanuel Macron promettait une école "plus inclusive" en donnant un accès à "un auxiliaire de vie scolaire à tous les enfants qui ont besoin pour avoir une scolarité comme les autres", la profession peine à susciter des vocations. Et les AESH sont de plus en plus surchargés de travail.
On gère le quotidien, on est confronté à différents handicaps avec très peu de formation et un salaire très bas. On nous en demande de plus en plus. On va nous donner 15 à 20 élèves à suivre avec chacun un handicap différent ....
" J'ai 3 élèves à suivre, donc je suis privilégiée jusque là, mais à partir du mois de septembre je peux me retrouver avec 7 ou 8 élèves , " poursuit Peguy Khalsa , AESH à l'école Lamartine à Montpellier . " J'ai des collègues qui ont déjà 11 élèves à suivre. Il n'y a plus d'accompagnement individualisé des enfants. Si nous ne sommes pas là, il y a des enfants qui ne peuvent pas aller à l'école, notamment les enfants autistes. "
Dans le cortège, des enseignants sont venus soutenir les accompagnants d'élèves handicapés.
" Je vois chaque année que les AESH sont de plus en plus affaiblis, démoralisés et surchargés. J'assiste à des scènes où des enfants porteurs de troubles forts, comme l'autisme, essaient de passer par dessus le portail, se mettent en danger, poussent d'autres enfants et les AESH sont obligés de leur courrir après et doivent gérer ces situations dangereuses. II faudrait enfin réfléchir à la manière dont on accueille ces enfants, " témoigne Luce Douarre, enseignante en maternelle en quartier prioritaire.
La formation initiale des AESH ne dure que deux semaines et elle se déroule après la première prise de poste, les grévistes demandent donc des formations adaptées au handicap des enfants.
Une hausse de salaire
Les accompagnants d'enfants handicapés touchent en moyenne un salaire compris entre 700 à 900 euros par mois pour un temps complet scolaire soit entre 24 et 30 heures. L’intersyndicale nationale CGT Éduc’action, FNEC-FP-FO, FSU, SNALC, SNCL-FAEN, SUD éducation, réclament donc une revaloraisation salariale.
Le nombre d’enfants en situation de handicap dans les établissements scolaires augmente. Il a même triplé depuis la mise en œuvre de la loi de 2005 sur l’égalité des chances en faveur des personnes handicapées, atteignant 385 000 élèves accueillis. En conséquence, 35 000 élèves handicapés n'ont pas d'AESH au sein de l'éducation nationale.