Un nouvel épisode par chiffres interposés relance le face à face entre les pro et les anti ours. Les pro réclament l'arrivée de 2 femelles ours pour sauver le noyau béarnais. Leurs opposants crient à l'impossible cohabitation et annoncent des attaques sur 100% des estives protégées en Ariège.
D'un côté, les ours béarnais se meurentL'initiative espagnole avec, la réintroduction de l'ours slovène Goiat ravive la question de la survie de l'ours dans les Pyrénées. Les pro par le biais de la Ligue pour la protection des oiseaux, ont lancé une pétition en ligne pour rassembler un maximum de signatures en faveur de la réintroduction de deux femelles dans les Pyrénées-Atlantiques. Les mâles Néré et Canellitto vieillissent et se sentent bien seuls dans une partie du massif, où il n'y a pas une seule ourse en vue. Ce qui à moyen terme signe la fin de la population béarnaise. La pétition en ligne depuis le 9 août 2016 a recueilli 2525 signatures.
De l'autre, les éleveurs ariégeois tous victimes de l'ours
En face, les anti-ours et la non moins active association ASPAP de l'Ariège (Association pour la sauvegarde du patrimoine en Ariège-Pyrénées) réplique avec force chiffres et un communiqué enrichi d'une infographie sur les prédations de l'ours en Ariège.
Selon ce communiqué, 100% des estives protégées avec des barrières électriques ou la présence d'un chien patou a fait l'objet d'au moins une prédation. La DREAL dans son rapport 2015 sur les dégâts imputés à l'ursidé annonçait que 89% des prédations attribuées à l'ours se sont passées sur les estives ariégeoises. La possible arrivée de nouveaux animaux fait donc réagir les éleveurs. Ils ne croient pas en l'efficacité des mesures de protections pour éloigner le prédateur. Selon eux, elles ne servent à rien. Au contraire, elles engendrent un travail supplémentaire pour les éleveurs et se révèlent risquées. L'utilité des chiens patou est même dénigrée comme on peut le lire :
Les patous, les clôtures électriques ne l’intimident pas, témoin cet ours qui, le 13 juillet 1987, à 23h, lança son attaque à 30 mètres de la cabane d’Utapet, malgré la présence du patou et la clôture électrique.
Lire ici l'intégralité du communiqué de l'ASPAP :
Une bataille de chiffres : que comprendre ?
Les chiffres ne collent pas avec les résultats du rapport sur la protection des troupeaux menée par l'association Pays de l'Ours. L'étude montre que la mise en place de moyens de protection des troupeaux a fait baisser de 92% les attaques de l'ours. Alors que la population des ours s'aggrandit chaque année au rythme des naissances (7 recensées en 2016), le nombre d'attaques n'a jamais été aussi bas. Les données 2015 communiqués par la DREAL affiche une baisse notable de prédations. 145 animaux dont la mort a été imputée à l'ours ont été indemnisés auprès des éleveurs. Il s'agit du chiffre le plus bas depuis que les bilans annuels sont publiés. Sur les 145, 105 ont été tués sur les estives de l'Ariège, 20 dans le Parc National des Pyrénées du côté du Béarn et 15 toujours dans le Parc National des Pyrénées dans les Hautes-Pyrénées.
Lire ici l'intégralité de l'étude sur la protection des troupeaux
Le plan ours est revenu sur le devant de la scène, après plusieurs années d'indécision et de reports, au grè des gouvernements successifs, côté français. En Espagne, les autorités catalanes tranchent et agissent. En juin dernier, un mâle nommé Goiat capturé en Slovénie, a été lâché dans le parc Alt Piréneu afin de remplacer, le doyen Pyros, principal géniteur de la branche centrale de la population pyrénéenne et ainsi pallier le risque de consaguinité qui menace la pérénité de la trentaine d'ours dénombrée en 2015.
Les militants pour l'ours et leurs détracteurs se donnent coup pour coup afin d'influencer dans un sens ou dans l'autre la sphére politique qui s'appuiera sur les professionnels du pastoralisme et du tourisme mais également sur l'opinion publique pour étudier la question de la réintroduction de nouveaux animaux. Les uns et les autres veulent avoir le dernier mot. 20 ans après sa réintroduction la présence de l'ours dans les Pyrénées reste encore un sujet à vif.