Perdrigal, l'ancien château de Léo Ferré dans le Lot, est à vendre

Quatre millions sept cent soixante-dix mille euros : c'est la somme qu'il faudra débourser pour acquérir ce vaste domaine de soixante-sept hectares dans lequel l'artiste a vécu entre 1963 et 1968. Racheté par un Américain en 1998, le château a été restauré et transformé en hôtel de luxe.



Dix-sept chambres, quatorze salles de bain, plusieurs salles de réception, une maison de gardien, une ferme, un pigeonnier, un chai, une grange rénovée...  le château de Pech Rigal n'a plus rien à voir avec la ruine qu'avait acquise Léo Ferré en 1963 et dans laquelle il avait vécue, entre son escale bretonne sur l'île du Guesclin et son exil en Toscane.
L'Américain qui l'a racheté après sa mort a entièrement restauré le domaine qui accueille désormais mariages et réceptions.
Ici, depuis longtemps, l'âme de Léo Ferré ne plane plus. C’est pourtant dans cette demeure installée sur la commune de Saint-Clair que l'immense artiste a vécu des années décisives : ici, il a enterré sa chimpanzée Pépée ; ici, il a écrit plusieurs beaux titres dont Franco La Muerte, en hommage au dirigeant du Parti communiste espagnol clandestin, Julian Grimau, fusillé sous le régime franquiste en mars 1963 ; ici, il a mis en musique ses copains poètes, Rimbaud et Verlaine, et composé Ferré 64 ; ici encore, il a rencontré sa troisième femme, Marie-Christine, la mère de ses enfants, fille d'exilés espagnols, avec qui il refera avec bonheur sa vie ; ici, enfin, il a réalisé son vieux rêve, devenir imprimeur.

 
Dans une annexe du château aujourd'hui transformée en chambres d'hôtes, Léo Ferré installe son imprimerie. En 1967, il publie à une centaine d'exemplaires le livre que son épouse d'alors, Madeleine, a dicté pour parer à l'ennui qui commence à la ronger,  Les Mémoires d'un magnétophone. Le document retrace la vie au château, ce château qui est en fait une forteresse végétale délabrée, avec ses pierres bancales et fissurées : "Une citerne sans eau, des fauteuils à trois pattes ou défoncés, des murs douteux, de l'herbe dans la cour, des buis pas encore taillés, des pissenlits royaux, des pommiers rongés aux chenilles, l'aile non aménagée, ouverte au vent des morceaux de tuiles brisées". (Madeleine Ferré, Les Mémoires d'un magnétophone, Perdrigal, 1967).

Dans cette demeure isolée, où les amis viennent peu, Léo construit son arche : une dizaine de chiens, une quarantaine de chats, des vaches, des moutons, un poney, un cochon, et puis, bien-sûr, Pépée, la petite chimpanzée qu'il a sauvée d'un cirque en 1961. Pépée, qui démolit le toit avec assiduité, qui mange à table et participe à la vie de famille, Pépée qu'il considère comme son enfant, lui qui n'en a pas encore, et qui, le 7 avril 1968, sera tuée d'une balle dans le front par un chasseur lotois que Madeleine a fait appeler. https://www.youtube.com/watch?v=nD6fFHjWuH0

Aujourd'hui, cinquante ans tout juste après qu'il ait quitté le Lot, dans l'ancien château de Léo qui n'est plus Perdrigal mais Pech Rigal, il n'y a plus rien. Même la tombe de Pépée a été déterrée lors des travaux de restauration.
 
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