#OnVousRépond : on vous explique pourquoi il ne faut pas oublier les élections départementales

Crise sanitaire, scrutin écrasé par celui des Régionales, identification territoriale parfois faible... Les élections départementales des 20 et 27 juin passent aux oubliettes de l’actualité. Mais en quoi sont-elles pourtant importantes ? Elus et spécialistes nous répondent.

Un ancien président de département avait l’habitude de dire : « Moi je n’ai pas besoin de passer à la télévision ! Je suis connu parce que les gens voient mon nom et ma signature quand ils reçoivent leur Allocation Adulte Handicapée ou leur Revenu de Solidarité Active ».

D’accord, mais justement… A l’heure où notre pays traverse la plus grave crise sociale depuis des décennies, la vocation des Départements (et donc leurs élections) ne devrait-elle pas être plus mise en avant ?

J’appuierai sur l’aspect protecteur du conseil départemental

Philippe Martin, président (PS) du conseil départemental du Gers

« J’appuierai sur l’aspect protecteur du conseil départemental » confirme Philippe Martin. Le Président du département du Gers, pas encore officiellement en campagne, complète sa démonstration : « de la naissance avec la Protection Maternelle et Infantile jusqu’à la fin de la vie avec l’Allocation Personnalisée Autonomie ».

« Il ne faut pas oublier, au-delà des routes qui leur sont dévolues, leurs compétences techniques » souligne Jean-Marc Vayssouze-Faure. « Ils accompagnent souvent les communes dans la maitrise d’ouvrage par exemple, surtout dans les départements ruraux sans métropole » rappelle le président de l’Association des Maires de France pour l’Occitanie.

Aménager le territoire

« Cela instaure parfois un rapport un peu féodal entre certaines communes et le département » rapporte Jacqueline Winnepenninckx-Kieser élue d’opposition en Haute-Garonne. « Il peut y avoir des tentations de clientélisme » met en garde la conseillère départementale Modem.

L’autre compétence majeure des départements est bien l’aménagement du territoire selon Pierre Esplugas-Labattut. « Or en Haute-Garonne par exemple, la majorité des habitants qui vit à Toulouse la perçoit mal » assure le professeur de droit public. « Et c’est regrettable, parce que ce sont de gros budgets qui sont gérés dans ces collectivités mal connues : un milliard six pour le département de Haute-Garonne, trois milliards sept pour la Région Occitanie ».

« C’est un challenge pour moi, élue d’un canton de centre-ville à Toulouse, de faire valoir cette compétence auprès de mes électeurs. Mais ils aiment aussi aller à la montagne ou à la campagne dans leur département » explique Jacqueline Winnepenninckx-Kieser.

Quel point commun entre un habitant de Fronton et un habitant de Luchon ?

Pierre Esplugas-Labattut, porte-parole LR 31

A mettre également au passif du département selon Pierre Esplugas-Labattut, « la conscience médiocre de l’identification » à certains territoires. « En Haute-Garonne par exemple, quel point commun entre un habitant de Fronton et un habitant de Luchon » s’interroge le porte-parole de LR 31

« C’est comme pour la région Occitanie entre un Gardois et un Haut-Pyrénéen » poursuit-il. « Même si certains départements comme l’Aveyron ou l’Ariège ou des régions comme l’Alsace, la Bretagne et la Corse, sont des exceptions » nuance Pierre Esplugas-Labattut.

Renforcés par la fusion des régions

Pour Jean-Marc Vayssouze-Faure, c’est justement la fusion des régions qui a renforcé les départements. « Un temps on s’interrogeait sur la survie des départements face à la montée des communautés de communes. Ils n’étaient plus censés faire partie du schéma administratif. Mais ils ont résisté ». « Et puis l’Etat lui-même est resté à l’échelle départementale avec les Préfectures mais aussi les CAF, Pôle Emploi ou même les chambres consulaires » signale le maire PS de Cahors.

Etat toujours qu’en est-il du rappport d’Emmanuel Macron aux départements justement ?  « Il a besoin d’élus sur ces territoires pour le soutenir en 2022 » reconnaît Jacqueline Winnepenninckx-Kieser, élue Modem-Majorité Présidentielle. « Même si le gouvernement préfère nous vanter en ce moment le couple Préfet/Maire, sur la crise du Covid, en tout cas chez moi, c’est plutôt le couple préfet/département qui est à la manœuvre » avance Philippe Martin.

Occuper le terrain

Une analyse que ne partagera pas forcément Jean-Marc Vayssouze-Faure… Pour le président de l’AMF Occitanie, là où le conseiller départemental se rapproche désormais du maire, c’est dans le fait qu’il est « de moins en moins politisé ». « On l’a vu sur les dernières campagnes. Ça l’oblige d’ailleurs à être de plus en plus sur le terrain » fait remarquer le maire de Cahors.

Pour lui, le conseiller départemental est certainement plus connu sur son canton qu’un conseiller régional sur son territoire.  « En zone rurale, le conseiller départemental est identifié par les maires évidemment, mais aussi par les citoyens qui vont le voir pour du social, de l’écoute » analyse l’élu socialiste.

En centre-ville de Toulouse, je suis très peu sollicitée

Jacqueline Winnepenninckx-Kieser, conseillère départementale d'opposition (Modem) de Haute-Garonne

« En centre-ville, je suis très peu sollicitée » avoue Jacqueline Winnepenninckx-Kieser. « J’étais beaucoup plus interpelée en tant qu’élue municipale. Mais mon rôle consiste aussi désormais à porter la parole des habitants de Toulouse au département » rajoute la conseillère d’opposition.

S’ils sont toujours les représentants d’un canton (même avec une carte modifiée), les conseillers départementaux ont en revanche vu évoluer leur mode d’élection. L’instauration d’un binôme homme/femme a été mis en place en vue de respecter la parité dans les hémicycles. Louable mais pas simple à comprendre pour les citoyens.

Un binôme pour plus de parité

« Même si c’est déjà en place depuis 2015, il faut effectivement que j’explique que mon binôme n’est pas mon remplaçant » reconnaît Jacqueline Winnepenninckx-Kieser. « Ce système de binôme crée aussi parfois des attelages bizarres » sourit Pierre Esplugas.

Ce mode de scrutin reste toutefois plus simple à comprendre que celui des régionales, mi-majoritaire (25% des sièges au moins pour la liste qui arrive en tête), mi-proportionnel. « Moi-même j’aurais du mal à vous dire combien 15% au 1er tour représentent de sièges » concède le professeur de droit public.

Vaccination plutôt qu'élections

Des élections Régionales qui pourtant donc continuent à plus faire parler plus d’elles que les Départementales, dans les médias notamment. « A chaque fois que j’entends parler des élections régionales, je souffre » plaisante Philippe Martin, l’actuel président du conseil départemental du Gers (PS).

« De toute façon, ce sera une prime aux sortants, l’opposition ne pouvant faire campagne dans les conditions sanitaires actuelles » annonce Jacqueline Winnepenninckx-Kieser. « Je ne me fais pas d’illusion parce que la crise écrase tout » tempère Philippe Martin. « Aujourd’hui, le seul rendez-vous que les gens veulent prendre, c’est pour un centre de vaccination pas pour un bureau de vote » conclut-il.

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