Des centaines de salariés du service public d'Andorre ont entamé jeudi une grève contre une réforme de la fonction publique, marquant le premier mouvement social dans la Principauté depuis 1933.
La grève, destinée à obtenir le retrait de cette réforme sur le point d'être présentée au parlement, a été suivie par 29% des fonctionnaires, selon le gouvernement, et doit se poursuivre ce vendredi. Selon les grévistes, la loi va réduire les droits des fonctionnaires et a été préparée sans consensus malgré plusieurs réunions de négociations. Des manifestations ont eu lieu aux frontières. Des douaniers ont procédé à des grèves de zèle, tandis qu'un demi-millier de salariés a procédé à des interruptions intermittentes de trafic à la frontière hispano-andorrane, selon les syndicats.
Le mouvement a été également très suivi dans l'éducation avec 80% de grévistes chez les enseignants, selon la même source et le gouvernement. Il a également concerné la police et le monde pénitentiaire. "Il a été démontré que nous sommes tous contre la loi", a affirmé la représentante du syndicat policier CFPA, Lara Vilamala, déplorant que du personnel ne se soit pas joint au mouvement parce qu"il a "eu peur de venir" alors qu"il y a eu des "menaces" et des "pressions". "Nous voulons un peu plus de négociations", a expliqué de son côté le président du Syndicat des Pénitenciers, Sergi Teixeiran.
Forte mobilisation
Le bâtiment administratif du gouvernement a été occupé en solidarité avec les fonctionnaires réquisitionnés pour le service minimum. Les grévistes se sont également concentrés devant le Conseil Général, où se tenait une session parlementaire. Ils y ont sifflé, hué et réclamé la démission du chef
du gouvernement, Antoni Marti. "Nous avons commencé à collecter des signatures pour demander la démission du chef de gouvernement et maintenant personne nous arrêtera", a déclaré le porte-parole de la plate-forme syndicale de la fonction publique, Gabriel Ubach, aux médias, estimant qu'Antoni Martí "s'est trompé".
Pour le gouvernement, c'est une loi nécessaire. Le chef du gouvernement, Antoni Martí a insisté sur le fait qu'elle ne diminue pas les droits et que "les fonctionnaires ne feront pas une heure de plus". Il a assuré que cette loi permettra une plus grande flexibilité du travail et que "49 millions d'euros" seront alloués "au cours des 25 prochaines années à l'amélioration des compléments de salaire".
Selon M. Martí, la réforme "honore les fonctionnaires" mais il y a "des demandes"des syndicats qui ne pourront "pas être acceptés", comme par exemple les 35 heures de travail par semaine.
La grève se poursuit vendredi avec encore notamment un mouvement de grève du zèle aux frontières pour tous les camions souhaitant accéder en Principauté. La petite principauté d'Andorre, micro-état de 85.000 habitants enclavé dans les Pyrénées, et dont les co-princes sont le président de la
République française et l'évêque d'Urgell en Catalogne (Espagne), est surtout connu pour l'absence de taxes rendant bien meilleur marché de nombreux produits, dont les cigarettes et les alcools. Sa principale ressource est le tourisme.