Procès en appel des braqueurs présumés de bureaux de postes à Toulouse : la profonde angoisse des victimes

Lundi 1er juillet 2019, 2ème jour du procès en appel de Redouane Ikil et Fabien Djetcha, les victimes du second braquage, celui de l'agence postale de Saint-Cyprien à Toulouse, le 2 mai 2013, se sont exprimées sur les quatre heures d'angoisse profonde qu'elles ont vécues ce matin-là.

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"Un grand trou"

Il est 4h20, ce matin du 2 mai 2013, lorsque Françoise V., qui dort à son domicile, est réveillée par un bruit suspect. Cette employée de la Poste à l'agence du quartier Saint-Cyprien de Toulouse se trouve nez à nez avec un individu cagoulé. "Là, évidemment, j'ai eu un grand trou. Je ne me souviens pas de ma réaction", explique cette femme de 57 ans, devant la cour d'assises du Tarn, ce lundi 1er juillet 2019.

Il va pourtant falloir qu'elle donne des détails à la cour, elle qui est un témoin de première importance dans ce procès en appel de Redouane Ikil et Fabien Djetcha, poursuivis pour séquestration et extorsion de fonds en bande organisée avec arme dans deux affaires aujourd'hui liées : le braquage de la Poste de Bellefontaine à Toulouse le 5 mars 2012 et celui de l'agence postale de Saint-Cyprien, à Toulouse toujours, le 2 mai 2013.

"Vous savez pourquoi je suis là ?"

Elle s'excuse par avance de sa confusion et se lance dans le déroulé de ces quatre heures de grande angoisse qu'elle a vécue avec sa famille.

Son agresseur lui demande immédiatement : "Vous savez pourquoi je suis là ?". Elle croit à un cambriolage "banal" mais sera vite détrompée par l'individu qui lui demande où elle travaille. Elle finit par répondre : "A la Poste". Et à la barre de la salle d'audience ce lundi 1er juillet, elle ajoute : "De là, je ne sais plus mais j'ai compris qu'on allait y aller". 

Elle comprend surtout qu'il va falloir qu'elle coopère. Elle ne songe pas une minute à résister - inutilement - : ses enfants sont là, elle se soumet en échange de la promesse qu'aucun mal ne leur sera fait. Son fils et sa fille sont entravés, allongés sur un lit, visage contre le matelas, un oreiller sur la tête.

Pendant qu'elle note les codes d'accès sur un papier, les agresseurs - au nombre de trois, dit-elle - attendent le retour de son mari, qui travaille de nuit. Il est "cueilli" à son arrivée, baîllonné, ligoté et enfermé dans la salle de jeux. Les agresseurs partent avec la mère de famille, à bord d'un utilitaire blanc qui fonce jusqu'à l'agence de Saint-Cyprien, à Toulouse.

Quatre longues heures

Ils accèdent au parking souterrain de l'immeuble de l'agence postale, en passant la barrière derrière le véhicule d'un agent de nettoyage qui sera lui aussi neutralisé. Puis un seul des trois individus entre dans l'agence avec la victime, qui procède tant bien que mal au déverrouillage des alarmes puis à toutes les procédures permettant l'accès aux différents coffres et caisses sécurisées. 

Françoise V. sort l'argent et remplit des sacs. Mais à 7h35, la femme de ménage sonne pour prendre son poste. Le braqueur part lui ouvrir. C'est seulement une vingtaine de minutes après que la salariée de la Poste réalise qu'il n'est pas revenu, ce qui ne semble pas normal. Elle appelle ses enfants, puis sort de l'agence. Et se voit braquer une arme sur la tempe : la police, entre-temps, est arrivée. Le tout a duré quatre heures...

La suite, on la connaît. A l'arrivée de la police, les malfaiteurs se sont enfuis. Seul le "guetteur", Fabien Djetcha, aujourd'hui dans le box des accusés, a été interpellé. Le braquage a échoué, l'argent volé (150 000 euros) est retrouvé dans l'utilitaire blanc garé dans le parking au sous-sol. 
Françoise V. n'identifie aucun de ses agresseurs, elle ne connaît pas Redouane Ikil, ne l'a jamais vu. Fabien Djetcha lui paraît correspondre, par la taille notamment, à l'un des trois agresseurs.

Les séquelles

Mais la suite, c'est aussi et surtout des questions pour la victime. Sur le coup, Françoise V. parle d'un "mélange de professionnalisme et d'amateurisme" de la part des trois braqueurs. Puis elle comprend qu'on connaissait sa fonction exacte, caissière donc seule avec deux autres collègues à détenir les codes des alarmes. Les agresseurs savaient en outre où elle habitait, quel véhicule conduisait son mari, leurs horaires respectifs...

La suite, c'est, enfin, des maux. Des douleurs au dos persistantes, elle qui n'en a jamais. L'impossibilité de sortir de la chambre sans réveiller son mari pour ouvrir le chemin. La peur de descendre seule au rez-de-chaussée de sa maison.

Sa fille, également appelée à témoigner à la barre ce lundi 1er juillet, ne dit pas autre chose. "Après, ça a été très compliqué. J'ai suivi une psychothérapie pendant plusieurs mois. J'avais peur de tout : du noir, du bruit, de l'alarme que nous avons fait installer à la maison. Et chaque procès rappelle tout cela", explique-t-elle, en pleurs.

Quel est l'impact psychologique d'un tel événement pour les victimes ? L'audition d'experts médicaux, mardi 2 juillet, devrait permettre de le comprendre...
    
 
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