Procès en révision à Nîmes : le doute de la partie civile avant le verdict

Trafiquants oui, meurtriers non. Au troisième jour de leur procès en révision devant la cour d'assises du Gard, Abdelkader Azzimani et Abdelrrahim El Jabri, condamnés à 20 ans de réclusion pour le meurtre d'un dealer à Lunel, ont répété avec émotion, mercredi, qu'ils n'étaient pas des assassins.


"On nous dit +vous êtes des chiens! des tueurs!+ Je suis désolé de ce qui est arrivé, mais jamais je n'ai tué quelqu'un", a affirmé El Jabri en pleurs à la barre, avant de conter par le menu la soirée du 21 décembre 1997 au cours de laquelle Abdelaziz Jhilal, dit Azzouz, un dealer de 22 ans, est tué de 112 coups de couteau.


"Azzouz, c'était comme mon petit frère. Je l'appréciais beaucoup", a renchéri Azzimani.

Depuis le début de l'affaire, la version des deux hommes n'a pas changé. Ils avaient rendez-vous avec Azzouz vers 20h00 non loin du lieu du crime et ils lui ont remis cinq kilos de résine de cannabis.

"Je l'avais vu une fois. Kader lui faisait confiance, moi non. Je voulais aller avec lui mais il (Azzouz) a dit: +Non, c'est pas la peine, ce sont des amis+. Il est parti. On a attendu un peu. Je suis sorti téléphoner à la cabine. Quand je suis revenu j'ai dit à Kader qu'on s'était fait arnaquer", a raconté El Jabri.
"On est partis à sa recherche, on a pris le chemin des Étoffes (la victime a été retrouvée dans un fossé sur ce chemin) jusqu'au bout. On a fait demi-tour et on est allés jusqu'à Nîmes. Le lendemain, j'ai appris qu'Azzouz était mort. J'étais choqué", a-t-il ajouté, se souvenant avoir dit "mot pour mot" à Azzimani: "Celui qu'on cherchait hier: +Que Dieu ait son âme.+"

Les deux accusés, condamnés à six ans de prison pour trafic de stupéfiants, estiment avoir été mis en cause dans ce meurtre du fait de leur "étiquette de trafiquants". Les deux hommes jugent aussi que l'enquête a été mal menée.

Reportage F3 LR : E.Jubineau et A.Grellier

Une conspiration générale ?

Autre raison à cette condamnation, un trou d'une heure dans leur emploi du temps, sur lequel a insisté une partie civile. Car si El Jabri affirme avoir longuement téléphoné, ce que confirme Azzimani, rien ne le prouve: il n'existe pas trace de ses appels sur le relevé de la cabine téléphonique.
"Quels éléments n'ont pas été faits loyalement?" leur a demandé l'avocat général Didier Durand. "Les appels téléphoniques. Pourquoi les a-t-on retirés?" a répondu El Jabri. "C'est la première fois que j'entends que les listings sont faux", a objecté la présidente Geneviève Perrin. "Pas faux, incomplets", selon l'accusé.

"D'accord, c'est la conspiration générale", a repris la présidente, tandis que l'avocat général s'agaçait: "Vous protestez depuis 17 ans de votre innocence. Si votre seul argument c'est de contester un listing, ça ne me va pas." El Jabri enfin estime avoir payé son surnom: "l'étrangleur".
Son explication: "Je souffre d'allergies et j'ai la gorge qui enfle. Je me touchais le cou tout le temps."

Les accusés reconnus coupables du meurtre étaient finalement innocents

M. Azzimani, 49 ans, et M. El-Jabri, 48 ans, dont la culpabilité pour le meurtre d'Azzouz avait été confirmée en appel le 25 juin 2004, ont passé 12 et 13 ans derrière les barreaux. Ils ont obtenu l'annulation du verdict le 15 mai 2013 par la cour de révision, après le revirement d'un témoin et la mise en cause d'un nouveau suspect lors d'une expertise ADN.

Le 23 novembre dernier, la cour d'assises à Montpellier a condamné Michel Boulma, 34 ans, et Bouziane Helaili, 36 ans, à 20 ans de réclusion pour "assassinat" dans cette affaire. Ils ont assuré mardi qu'Azzimani et El Jabri n'étaient pas sur les lieux du crime.

La partie civile quant à elle se divise sur la culpabilité d'Azzimani et El Jabri.
Pour deux avocats, ils sont "sincères", même s'il subsiste un doute, tous les auteurs n'ayant peut-être pas été arrêtés. Pour les deux autres, ils restent "coupables".

Le réquisitoire, les plaidoiries de la défense et le verdict sont attendus jeudi.
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