Ce début avril est la période habituelle pour la sortie d'hivernation des ours dans les Pyrénées. Leur population connait une croissance régulière : ils vont se mettre à la recherche de nourriture pour les adultes et leurs petits. Pas d'inquiétude : les ours sont aux trois-quarts végétariens.
Ce début du mois d'avril est la période habituelle pour la sortie d'hivernation des ours dans les Pyrénées. C'est le moment pour eux de se mettre à la recherche d'une nourriture des plus variées, pour les adultes comme pour leurs petits.
Leur population a été calculée à 64 individus détectés en 2020 : entre les naissances d'oursons non encore répertoriées et ceux qui n'ont plus été repérés depuis 1 ou 2 ans, leur nombre total pourrait approcher les 70. Pour la majorité ils évoluent dans les Pyrénées centrales, de part et d'autre de la frontière franco-espagnole.
Déjà des images et des empreintes
Ce début d'année 2021 a connu une période de redoux entre la fin février et le début mars, et certains plantigrades ont effectué alors une sortie exploratoire : c'est ainsi que le 12 février dernier, dans le Val d'Aran, côté Catalogne espagnole, un chasseur spécialiste en photographie animalière a pu filmer une femelle et ses 2 petits. La séquence vidéo d'une durée de 35 secondes a été diffusée sur l'antenne de nos confrères de TV3, la station régionale de télévision catalane.
Plus près de nous des empreintes d'ours ont été relevées dans la neige, dans le secteur de Soulcem en haute-Ariège, ce dimanche de Pâques 4 avril.
Cette découverte ne doit pas pour autant alerter prématurément les éleveurs d'ovins ou de caprins du département : les troupeaux sont encore dans les vallées et ne monteront paître en estive que fin mai ou début juin prochain.
Végétariens, insectivores et carnivores
Contrairement à la marmotte, l'ours n'est pas plongé en état de léthargie à la saison froide. Il n'hiberne pas, il hiverne. Il réduit son activité cardiaque dès les premiers froids mais reste vigilant, attentif aux bruits extérieurs à son abri. A leur sortie d'hivernation les plantigrades se mettent à la recherche d'une alimentation des plus variées, car ils sont omnivores.
Les ours sont d'abord à 80% végétariens : ils se nourrissent de tubercules, de racines, de plantes herbacées (en attendant la saison des fruits) et apprécient tout particulièrement les graines que les campagnols stockent dans leurs galeries. L'animal écrase ces galeries à coups de pattes pour se régaler des graines entreposées, sans se priver de croquer le petit rongeur à l'occasion.
Leur régime est aussi à 10% insectivore : ils piétinent les fourmilières pour dévorer les larves, et s'attaquent aussi aux ruchers (leur amour du miel est bien connu) mais les apiculteurs savent protéger leurs ruches au moyen de clôtures électriques.
Pour le reste de leur alimentation, les ours sont de 10 à 15% carnivores, principalement charognards, en s'attaquant aux carcasses d'animaux qu'ils trouvent sur leur chemin, surtout des bêtes mortes de froid en hiver.
Des mesures de protection pour chèvres et brebis
Avec la montée des troupeaux en estives, à la fin du printemps, le conflit risque de se raviver entre les partisans de la réintroduction de l'ours dans le massif pyrénéen et les éleveurs qui s'y opposent à cause des attaques subies par le cheptel.
Or depuis 2019 l'Union Européenne autorise l'indemnisation des pertes subies dans ces cas là, mais réclame en échange que des mesures effectives de protection soient prises : chiens de troupeaux, parcs de regroupement nocturne, etc.
Du retard a été pris en Ariège pour se conformer à cette règlementation : selon l'association FERUS de défense du loup, de l'ours et du lynx, " l'Etat français vient de promulguer un décret qui stipule que, jusque fin 2022, les éleveurs pyrénéens sans moyens de protection installés pourront être indemnisés malgré tout, pourvu qu’ils promettent d’étudier des moyens de protection".