Les estives sont indispensables pour les 10 000 exploitants agricoles du massif des Pyrénées. Plus de la moitié les utilisent, mais aujourd'hui le prix des terrains qui augmente, l'âge des exploitants et les prédateurs, en particulier l'ours, menacent l'équilibre du pastoralisme.
De mi-juin à la mi-octobre, Ludovic Galbois vit sur l'estive du Céciré, à 1500 m d'altitude, dans sa cabane du Tiroun. 6 jours sur 7 il surveille son troupeau, déplace les bêtes d'un pacage à l'autre, surveille les blessures. Il a sous sa responsabilité 228 vaches, 4 taureaux et 96 veaux. Cinq éleveurs lui ont confié leur animaux. Il les garde tout l'été sur les prairies d'altitudes. Un métier qui demande de l'investissement et qui perpétue la tradition du pastoralisme sur les estives. Les bêtes sortent des étables ou des bergeries durant l'été. Les éleveurs ne peuvent pas les garder dans les prés autour de leur propriété, souvent trop petites. Et les prairies de montagne produisent du fourrage indispensable pour passer l'hiver.
Des prairies indispensables pour les éleveurs
Les Estives sont un élément indispensable pour les 10 000 exploitants du massif des Pyrénées. Plus de la moitié les utilisent. Mais le pastoralisme est aujourd'hui mis en péril. D'une part le prix des prairies les plus basses, près des villages, ne cesse d'augmenter. D'autre part l'âge moyen des exploitants transhumants est aujourd'hui de 56 ans et il y a peu de renouvellement des agriculteurs de montagne. Sans reprise familiale et sans nouvelles installations l'avenir du pastoralisme est compromis.
Un équilibre menacé par les prédateurs
Un autre problème est venu perturber l'équilibre de ce système ancestral : l'ours, en particulier et les prédateurs, en général.
Depuis 20 ans les éleveurs grognent, car l'animal a bousculé leurs habitudes d'élevage. Ils craignent de devoir lui céder le territoire.
Les montagnes d'Occitanie produisent de la viande de brebis. Les éleveurs veulent laisser divaguer leurs troupeaux pour qu'ils s'engraissent à leur guise, sans parc, sans patou et surtout sans attaque. Alors ils se tournent vers les décideurs. Ces derniers financent un plan ours de 33 millions d'euros, et dans le même temps, assurent, grâce à des subventions, plus de 50 % des revenus des agriculteurs montagnards.
La société s'impose un grand écart, entre préservation du sauvage et pastoralisme, dont il est délicat de trouver le point d'équilibre.
Le reportage de Marc Raturat et Rémi Carayon