Les partis indépendantistes catalans sont proches d'un accord en vue de proposer un candidat alternatif à Carles Puigdemont pour la présidence catalane. Ils privilégient Jordi Sanchez, dirigeant d'association indépendantiste emprisonné depuis plus de quatre mois, a annoncé un élu indépendantiste.
"A ma connaissance cet accord est imminent et (Sanchez) est une option sur laquelle on travaille", a déclaré lundi soir à la radio Cadena Ser Carles Campuzano, porte-parole du PdeCAT, le parti conservateur et indépendantiste dont est issu Carles Puigdemont.
Le petit parti d'extrême gauche indépendantiste, la CUP, a cependant mis un bémol mardi.
"Pour notre part, nous sommes loin voire très loin d'un possible accord", a dit son porte-parole Carles Riera, en précisant qu'aucune décision ne serait prise par sa formation avant son conseil politique du samedi 3 mars.
La liste Puigdemont en tête
La liste de Carles Puigdemont, qui a dirigé la Catalogne entre janvier 2016 et fin octobre 2017, quand il a été destitué par Madrid après la tentative de sécession de la région, est arrivée en tête au sein du camp indépendantiste lors des élections régionales du 21 décembre.
Mais son chef de file, parti à Bruxelles et sous le coup d'un mandat d'arrêt pour rébellion en Espagne ne peut être investi à distance. La Cour constitutionnelle a prévenu le 27 janvier qu'elle invaliderait toute tentative en ce sens.
Depuis fin janvier, les trois formations indépendantistes majoritaires en sièges au parlement avec 70 élus sur 135 négocient pour tenter de surmonter cet obstacle.
La Gauche républicaine de Catalogne (ERC), arrivée deuxième, était très tiède à l'idée de braver une nouvelle fois la justice espagnole et insistait sur une présidence "symbolique" pour Carles Puigdemont. Selon plusieurs quotidiens M. Puigdemont aurait finalement cédé.
El Pais croit même savoir qu'une cérémonie serait organisée dimanche à Bruxelles, pour souligner malgré tout sa "légitimité".
Jordi Sanchez... la solution en prison ?
Dans les faits, comme l'a confirmé M. Campuzano, les indépendantistes privilégieraient comme alternative le numéro deux de la liste Jordi Sanchez, 53 ans, dirigeant de la plus puissante des associations indépendantistes, l'Assemblée nationale catalane (ANC).
Jordi Sanchez est cependant en détention provisoire depuis la mi-octobre pour "sédition", en lien avec une manifestation organisée le 20 et le 21 septembre.
Cette manifestation, qu'il avait encouragée, avait notamment abouti au blocage pendant plusieurs heures de l'entrée et la sortie d'un bâtiment où la garde civile menait des perquisitions à Barcelone.
Amnesty international estime que son incarcération, comme celle de Jordi Cuixart, chef d'une autre association indépendantiste, est "excessive".
Dans tous les cas, pour être investi, Jordi Sanchez devra obtenir une autorisation du juge de la Cour suprême en charge de l'enquête Pablo Llarena.
Celui-ci avait déjà refusé une permission de sortie à l'ex-vice-président catalan Oriol Junqueras, élu comme lui, et qui souhaitait assister à des sessions parlementaires.