A l’arrêt depuis l’épidémie de Coronavirus, les cabinets d’orthophonie viennent d’obtenir l’autorisation d’assurer la continuité des soins à distance. Le décret concerne un champ assez large de pathologies telles que AVC, traumatismes crâniens, dyscalculie...
Ne pas couper le lien avec les soins médicaux. Malgré le confinement et cette période épidémique, il vous sera possible de suivre des consultations d'orthophonie à distance comme c'est déjà le cas pour les médecins, sages-femmes, infirmiers ou encore psychologues.
Jean-Michel Gaston-Condut, orthophoniste à Prades et vice-président du syndicat des orthophonistes de Languedoc-Roussillon répond à nos questions.
Depuis quand les cabinets d’orthophonie sont-ils à l’arrêt ?
-Tous les cabinets d’orthophonie sont à l’arrêt depuis le 17 mars selon les recommandations de l’agence régionale de santé (ARS) pour faire face à l’épidémie de Covid-19.Nous n’avons plus d’actes réalisés. Nous ne pouvons plus recevoir les patients dans nos cabinets ni nous déplacer à leur domicile. C’est compliqué.
On essaie de maintenir un contact avec les plus fragiles par téléphone mais cette situation génère beaucoup d’angoisse et de stress notamment pour les personnes isolées qui souffrent de solitude.
Désormais vous pouvez pratiquer le télésoin ?
-Oui, depuis le 26 mars, comme pour les médecins et les infirmières, nous pouvons réaliser des télésoins c’est à dire pratiquer des actes à distance par vidéotransmission grâce à la technologie avec des moyens tels que tablette, ordinateur ou smartphone.La profession a mis en place des outils qui correspondent aux recommandations faites par la Haute Autorité de santé en matière de télémédecine.
En quoi consiste-t-il ?
-L’idée est de mettre en relation l’orthophoniste avec son patient et de pouvoir ainsi continuer les actes même si ce ne sont pas les conditions de face à face habituelles. C’est une mesure d’urgence et temporaire jusqu’au 15 avril date prévue de la fin du confinement.Nous ne pouvons pas recevoir de nouveaux patients et donc pas faire de bilan. Mais les actes qui étaient en cours peuvent continuer toujours puisqu’il y a eu prescription médicale et demande d’entente préalable auprès de la CPAM. Sur le plan administratif cela ne change rien.
Mais cela nécessite de s’assurer que les patients aient le matériel nécessaire et puissent être accompagnés pour se connecter. Si c’est un mineur la présence d’un des parents ou d’un majeur autorisé est nécessaire. Pour les patients présentant une perte d’autonomie, la présence d’un aidant est requise.
Pour quel type de pathologie est-ce particulièrement intéressant ?
-Si on regarde le décret, de nombreux actes sont ouverts au télésoin. Malgré le confinement, il y a toujours des AVC, des interventions ORL qui touchent le larynx, des problèmes de déglutition de type dysphagie, des sorties d’hospitalisation etc…Il est important de continuer la stimulation des acquis. Ces patients rentrant à domicile en sortant des hôpitaux doivent être bien accompagnés.
Le télésoin permettra à tous ces patients de ne pas régresser et d’avoir une vie la plus confortable possible dans ce contexte.
Il est important de ne pas laisser les patients seuls. Chez les enfants, on peut pratiquer à distance des rééducations en matière de dyscalculie, dysorthographie… On peut travailler le fonctionnement cognitif ou moteur.
Combien d’orthophonistes sont-ils concernés ?
-Les 2.650 orthophonistes (1.250 en Languedoc-Roussillon et 1.400 en Midi-Pyrénées).Nous avons une plateforme « Inzee.care » pour que les données soient sécurisées. Tous les orthophonistes peuvent s’inscrire sur cette plateforme.
Et c’est aux orthos de définir quels patients peuvent en bénéficier en fonction des capacités de communication et d’attention de ceux-ci car c’est beaucoup plus compliqué à travers un écran.
Si le télésoin a été autorisé est-ce pour éviter également les ré-hospitalisations en cette période où les hôpitaux sont déjà très sollicités ?
-Absolument. La crainte des syndicats et de la Fédération était également le suivi des patients… Autant en fin de rééducation on peut faire des pauses mais en phase aiguë l’arrêt brutal des actes peut être préjudiciable. Le site internet de la FNO.