En Catalogne sud, un magazine a lancé une grande campagne de réhabilitation des femmes accusées de sorcellerie et exécutées à partir du XVe siècle. Des faits qui n'ont pas épargné le Roussillon, où cette répression organisée a fait près de 200 victimes.
On en voit encore un peu partout en Roussillon. Ces "espanta-bruixes ", accrochés aux faîtes des maisons, censés repousser le mauvais esprit. En Salanque, dans les Pyrénées-Orientales, vous verrez souvent sur des maisons anciennes, voire contemporaines, des tuiles recourbées pointant vers le ciel et placées sur le pignon au sommet des toits ou sur les cheminées : ce sont les "espanta-bruixes" ou effraies-sorcières ou repousses-sorcières.
Les bruixes (les sorcières) avaient la réputation de faire le mal, elles servaient le diable et pas les paysans. Elles faisaient du mal aux animaux des paysans, aux paysans et paysannes eux-mêmes, et leur donnaient des maladies. Elles faisaient perdre les récoltes, empoisonnaient les herbes des animaux ou tuaient les cochons.
Mais derrière la superstition, il y a une sombre réalité.
Celle de cette chasse aux sorcières, au nom de laquelle plus de 700 femmes ont été torturées, jugées et souvent exécutées en Catalogne, principalement au XVIIe siècle.
On est à une époque de recherche d'un bouc émissaire, on est à une époque où il y a de grandes tensions religieuses, à une époque où l'Inquisition espagnole est extrêmement puissante, et elle a de vrais pouvoirs sur l'autorité royale. On s'en prend aux femmes parce qu'elles sont les symboles du Diable. Cela fait 2000 ans ou presque, à cette époque, que l'on tape sur les femmes dès qu'il y a un problème...
Dans l'Europe païenne de jadis, comme dans le Moyen-Âge chrétien, il suffit parfois qu'une personne tombe malade, qu'une grange brûle ou qu'une vache meure sans cause apparente, pour que la communauté villageoise désigne un coupable que son comportement ou sa marginalité a rendu suspect. souvent un berger ou une vieille femme solitaire.
Les femmes âgées en particulier, vivant plus longtemps que les hommes, sont particulièrement visées, avec le reproche sous-jacent de s'être débarrassées de leurs maris notamment par l'utilisation de philtres magiques. Dans les campagnes en particulier, ces vieilles femmes exercent parfois comme guérisseuses, et vont faire l'objet d'une persécution systématique pendant un siècle.
On les désigne parce qu'elles sont autonomes, veuves, isolées, marginales ou encore accoucheuses.
Elles connaissaient les bases de la médecine de guérison, des plantes... C'est toujours une ligne très fine qu'il y a entre la guérison et la sorcellerie. Comme le cas de la sorcière de Prats-de-Mollo qui a été accusée d'avoir tué une mule.
La mise au bûcher de sorcières en Pays catalan est représentée pour la première fois sur une carte digitale. La répression, particulière forte au XVIIe siècle, s’est produite à Perpignan, Millas, Collioure, Fourques ....
Pour la première fois, la liste des exécutions de bruixes en Catalogne du Nord est consultable sous forme de carte. Cette distribution dans l’espace est le fait du magazine Sàpiens, édité à Barcelone. Où a-t-on brûlé des sorcières, dans le cadre d’une chasse orchestrée par les autorités soupçonnant ces femmes de maléfices ?
Na Capella, pendue en 1619 à Millas. Antonia Forja, pendue en 1630 à Terrats. Comme elles, on estime à près de 200 le nombre de femmes ainsi jugées en Roussillon.
Recensés par la revue barcelonaise Sàpiens, leurs noms sont désormais associés à une vaste campagne lancée en Catalogne, et qui doit permettre de réhabiliter la mémoire de ces femmes au funeste sort.