Le gouvernement a décidé de ne pas lâcher d'ours supplémentaires dans les Pyrénées, dans l'immédiat, en objectant aux défenseurs du plantigrade que l'actuelle population grandit à un rythme satisfaisant.
Cette décision a suscité une vive réaction chez les défenseurs de la présence controversée de l'ours dans le massif, selon lesquels la ministre de l'Ecologie
Delphine Batho a "mal apprécié" l'urgence de nouveaux lâchers d'animaux.
"On considère qu'on est plutôt dans une situation favorable", avec une population d'ours qui a été multipliée par cinq depuis 1995, a expliqué le ministère de l'Ecologie à l'AFP.
La population d'ours sur l'ensemble du massif, qui compte environ 25 individus aujourd'hui, "est même en forte croissance", a précisé le ministère, et un très bon taux de survie des oursons montre que l'habitat est "très favorable" au plantigrade.
Le ministère a dit vouloir prendre le temps de réfléchir à sa politique de conservation de l'ours et à l'opportunité d'éventuelles réintroductions d'animaux.
Il reconnaît que des questions restent posées, parmi lesquelles la question génétique.
Nouveau(x) lâcher(s) ou pas ?
Le même ours slovène est en effet le père, voire le grand-père de la plupart, si ce n'est de tous les oursons nés dans le massif depuis son arrivée.
Autres interrogations: faut-il introduire des ours uniquement slovènes? Ou vaut-il mieux lâcher un autre mâle dans les Pyrénées centrales pour consolider ce noyau plutôt qu'une femelle dans les Pyrénées occidentales où vivent seulement deux mâles?
Le ministère a commandé des études. La question de l'ours figurera dans la Stratégie pyrénéenne de valorisation de la biodiversité, qui doit être adoptée avant la fin de l'année 2013, a-t-il indiqué.
L'Etat français est, pour la première fois, sous le coup d'une mise en demeure de la Commission européenne sur sa politique de conservation de l'ours dans le cadre de la procédure dite d'infraction qui peut aboutir à une éventuelle saisine de la Cour de justice européenne.
Les autorités viennent de faire connaître leur position à la Commission, a souligné le ministère, qui a dit "avoir du mal à comprendre" la mise en demeure de l'Europe.
"On a une population qui se porte bien, un habitat qui s'accroît. On considère qu'on est plutôt dans une situation favorable" malgré les difficultés techniques ou biologiques qui s'annoncent, a-t-on expliqué.
Alain Reynes, de Pays de l'Ours-Adet, une des associations qui avait saisi la Commission européenne au titre de la directive habitats, a accusé le gouvernement de "chercher à gagner du temps" en menant pour ce faire des "études inutiles" menées sur l'ours par chaque nouveau ministre arrivant selon lui.
"Comment la ministre de l'Ecologie Delphine Batho peut-elle essayer d'expliquer que tout va bien: on a deux noyaux, un qui est menacé d'extinction imminente" dans le Béarn, dans les Pyrénées occidentales, "et un autre qui est encore trop faible pour maintenir la population, a affirmé M. Reynes.
L'ours ne subsiste plus en France que dans les Pyrénées
Sa présence y divise profondément les Pyrénéens. En 2006, les derniers lâchers avaient mobilisé des milliers d'opposants, parfois violemment.
Les défenseurs de la biodiversité parlent d'une espèce "parapluie", qui, lorsqu'elle fait l'objet de mesures de conservation, protège de nombreuses autres espèces.
Ceux qui sont hostiles à sa présence, à commencer par les éleveurs, le considèrent comme une menace et un frein au développement économique. Ils dénoncent une volonté de voir les Pyrénées retourner à l'état sauvage au détriment des activités humaines qui ont contribué à façonner l'aspect actuel de la montagne.