Les langues "co-officielles" ont désormais le droit de cité au Congrès des députés en Espagne. Le catalan, le basque et le galicien, pourront désormais être utilisées par les députés lors des sessions parlementaires. La conséquence des négociations entre socialistes et notamment les indépendantistes catalan de Junts per Catalunya.
"A partir d'ara, els diputats espanyols al Congrés podran parlar català*, Baina baita* ou galego*" (Désormais, les députés espagnols au Congrès pourront parler catalan, basque ou galicien). La décision est l'une des toutes premières prise par la toute nouvelle présidente du Congrès des députés d'Espagne, Francina Armengol, rapporte le quotidien El Diaro.
Négocations entre socialistes et indépendantistes catalans
La socialiste a affirmé sa vision d'une Espagne diversifiée et multilingue : "Je veux exprimer mon attachement à l'espagnol, au catalan, au basque et au galicien et à la richesse linguistique qu'ils représentent et je veux annoncer que cette présidence permettra l'utilisation de toutes ces langues dans le congrès à partir de cette session constitutive". Les députés lors des sessions parlementaires pourront donc désormais employer les langues "co-officielles" en l'occurrence le catalan, le basque et le galicien.
Cette décision est aussi l'expression de la majorité obtenue avec le soutien du parti indépendantiste catalan de Carles Puigdemont, Junts per Catalunya (Ensemble pour la Catalogne), ayant permis à la candidate du parti socialiste d'accéder à la présidence du Congrès des députés. "Il s'agit d'ajouter. De pratiquer le dialogue. De parler, falar, hitz egin, de parlar. Et de le faire pour avancer. Parce que l'Espagne avance toujours lorsqu'elle se reconnaît dans sa pluralité et sa diversité. Parce que la richesse de ce pays réside dans son caractère pluriel", a-t-elle revendiqué.
Le catalan, le basque, le galicien au sein des institutions européennes ?
De l'autre côté des Pyrénées, catalans et basques français suivent d'un œil attentif cette évolution. En avril 2023, les communes d’Elne, Tarerach, Amélie-les-Bains et Port-Vendres, situées dans les Pyrénées-Orientales s'étaient retrouvées assignées par le préfet des Pyrénées-Orientales devant le tribunal administratif de Montpellier pour avoir modifié le règlement intérieur de leurs conseils municipaux, leur permettant de délibérer en Catalan.
Quelques semaines plus tard, citant l'article 2 de la Constitution, s'inspirant notamment de l'ordonnance du 25 août 1539 dite de Villers-Cotterêts, le justice administrative avait annulé ces modifications rappelant que "la langue de la République est le français".
Mais l'Espagne pourrait ne pas s'arrêter là. Comme le rapporte Le Monde, mercredi 16 août, Pedro Sanchez, leader socialiste s’est engagé à utiliser la présidence tournante du Conseil de l’Union européenne, que l’Espagne occupe jusqu’à la fin de l’année, pour tenter d’obtenir que le catalan – ainsi que le basque et le galicien – soit utilisé dans les institutions européennes au même titre que l’espagnol. A condition qu'il soit maintenu à la tête du gouvernement grâce aux partis indépendantistes ou autonomistes catalans, basques ou galiciens.