Catalogne : 12 dirigeants indépendantistes devant la cour suprême à Madrid

18 mois après la crise en Catalogne, le procès des 12 dirigeants indépendantistes s'ouvre ce mardi devant la Cour suprême à Madrid. Ils comparaissent pour "rébellion" et "sédition". Un procès politique selon les familles des accusés qui mettent en avant la non-impartialité de la justice espagnole.

Avant l'ouverture du procès de leaders indépendantistes pour la tentative de sécession de la Catalogne, l'Etat espagnol a défendu l'impartialité et l'indépendance de son système judiciaire, conscient qu'il souffre d'un problème d'image.

Les séparatistes, qui qualifient de "farce" ce procès devant la Cour suprême, ne sont pas les seuls à mettre en doute l'indépendance de la justice espagnole.
L'opposition accuse le gouvernement de faire pression sur les magistrats et des tribunaux européens ont semblé remettre en question leurs décisions.
 

12 accusés et des familles inquiètes...


Le procès des 9 politiques et présidents d'association catalans en prison depuis plus d'un an débute ce 12 février à Madrid. Il se tient sans observateurs internationaux. Leur présence a été refusée par le procureur espagnol. 

Un événement majeur dans cette nouvelle étape de la crise en Catalogne. Ce procès inquiète les familles. Une équipe de France 3 Languedoc-Roussillon a rencontré à Barcelone, Txell Bonet, épouse de Jordi Cuixart emprisonné depuis octobre 2017, à la veille du procès de son mari. 
 
Le procès des 9 politiques et présidents d'association catalans en prison depuis plus d'un an débute ce 12 février à Madrid. Un événement majeur dans cette nouvelle étape de la crise en Catalogne. Ce procès inquiète les familles. Une équipe de France 3 Languedoc-Roussillon a rencontré à Barcelone, Txell Bonet, épouse de Jordi Cuixart emprisonné depuis octobre 2017, à la veille du procès de son mari. ©F3 LR

Dans les rues de Barcelone, Txell Bonet arbore le noeud jaune pour dénoncer l'emprisonnement des 9 personnalités catalanes, dont son mari Jordi Cuixart.
Il est en prison préventive depuis plus d'un an. Président d'une puissante association pro-indépendance, il est accusé de sédition et rébellion pour avoir organisé une manifestation quelques jours avant le référendum du 1 octobre 2017. 
Des accusations qualifiées d'injustes et d'infondées par de nombreuses personnalités de Catalogne.
 

"L'Etat accusé" et "les prisonniers politiques" !


"C'est l'Etat qui finira sur le banc des accusés", a prédit le principal des indépendantistes en jugement, Oriol Junqueras, depuis sa prison. A l'en croire, les audiences permettront "de démonter la farce" qu'est le procès.

Les séparatistes se présentent comme "des prisonniers politiques", victimes de répression pour avoir exécuté le mandat de leur électeurs en organisant "démocratiquement" un référendum d'autodétermination, pourtant interdit par la justice, et en proclamant l'indépendance.
Ils ne sont pas en jugement pour leur idées, a répondu la Cour suprême dans une décision rendue fin janvier, mais pour avoir violé la loi alors qu'ils étaient pour la plupart "membres du gouvernement d'une région autonome et donc les plus hauts représentants de l'Etat (espagnol) en Catalogne".
 

Magistrats sous influence  ?


Le gouvernement a dû se défendre d'avoir fait pression sur la justice pendant l'instruction du procès. 
En effet, l'accusation est menée à la fois par le parquet, qui poursuit les violations de la loi, et par l'avocat de l'Etat, qui défend les intérêts de l'Etat. 
Le premier accuse neuf des prévenus de rébellion. Le second a décidé en novembre de ne les accuser que de sédition, punissable de peines moins lourdes. Il a cédé à la pression du gouvernement socialiste, a affirmé l'opposition de droite: l'exécutif aurait ainsi voulu amadouer les séparatistes catalans dont il a besoin pour voter son budget 2019.

L'avocat de l'Etat a pris sa décision "sans que le gouvernement ne lui impose rien" a répondu la ministre de la Justice Dolores Delgado. Ses divergences avec le parquet, selon elle, "ne font que refléter le débat (entre juristes) et au sein même de la société".
En novembre, un sénateur conservateur, Ignacio Cosido, a contribué à jeter la suspicion sur les juges. Sur la messagerie WhatsApp, il s'est félicité de la promotion annoncée à la tête de la Cour suprême du juge Manuel Marchena, qui va présider le procès. Elle allait, selon lui, "permettre de contrôler en coulisse" la cour.
Tollé général, le juge a renoncé immédiatement à cette promotion, mais le mal était fait.
 

Les tribunaux européens


Des tribunaux allemand, belge et écossais ont eux aussi contribué à semer le doute sur la justice espagnole en refusant d'exécuter les mandats d'arrêt lancés par elle contre les dirigeants séparatistes en fuite.

Un tribunal du Schleswig-Holstein, refusant  d'extrader pour rébellion l'ancien président catalan Carles Puigdemont a estimé que "les violences (en Catalogne) n'étaient pas suffisantes" pour justifier ces poursuites. 
L'Espagne s'est gardée de critiquer publiquement les décisions de ses pairs. "Notre meilleure campagne de communication sera le procès", a déclaré le président Lesmes.
 
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