Ce jeudi 21 décembre ont lieu en Catalogne des élections régionales, après la destitution du gouvernement séparatiste par Madrid. Après des semaines de tensions et d'incertitude, ce scrutin a des allures de nouveau référendum sur l'indépendance.
Les indépendantistes vont-ils rester au pouvoir ? Ce jeudi 21 décembre, les électeurs de Catalogne sont une fois de plus appelés aux urnes, cette fois pour décider s’ils veulent reconduire ou non les séparatistes au pouvoir, dont ils ont été chassés après la mise sous tutelle de la région.
Sept listes se présentent, dont trois en faveur de l’indépendance de la Catalogne : celle de Carles Puigdemont, le président catalan destitué par Madrid, celle de son vice-président Oriol Junqueras, en détention provisoire pour rébellion et sédition, et celle du parti d’extrême gauche CUP (Candidature d’unité populaire).
Pour l’heure, les séparatistes sont au coude à coude dans les sondages avec les partis en faveur de l’unité de l’Espagne, parmi lesquels le parti libéral Ciudadanos.
Une "question de dignité"
Depuis Bruxelles où il s’est rendu avant de faire l’objet d’un mandat d’arrêt en Espagne, Carles Puigdemont a appelé ce mardi 19 décembre à voter pour sa liste. Ce "n'est pas une question de couleur politique, ou de personnes, c'est une question de dignité", a-t-il déclaré.
Son discours était retransmis sur les réseaux sociaux et dans une centaine de localités en Catalogne.
"La présidence de Catalogne ne se ‘décapite’ pas, elle ne se change pas en fonction de la convenance [de Madrid]."
L’ancien président a également expliqué que si les Catalans acceptaient la destitution imposée par le gouvernement espagnol, les prochains chefs de l'exécutif régional seraient à la merci de décisions similaires du gouvernement central.
El país no està malalt, està ocupat. El #21D veurem si la ciutadania està d'acord en fer una genuflexió davant el 155 o si ens mantenim ferms i impecables en allò que era i és el nostre compromís: construir una República lliure, democràtica i pacífica https://t.co/A1fNhuj7Nz pic.twitter.com/XzMju3zkdL
— Carles Puigdemont (@KRLS) 19 décembre 2017
Rassemblement devant une prison
Ce même mard 19 décembre, une délégation indépendantiste s’est rendue devant la prison d’Estremera pour rencontrer la presse. C’est dans cet établissement que le vice-président catalan Junqueras et un autre ancien ministre régional, Joaquin Forn, sont incarcérés depuis plus d’un mois maintenant.
"Nous sommes là pour dénoncer l'injustice absolue que représente le fait d'avoir des personnes innocentes en prison (...) en raison de leurs idées pacifiques, représentant le point de vue de la plupart des citoyens de Catalogne, a affirmé pour sa part le député catalan Antoni Castella, membre du parti PDECat.
Face aux séparatistes étaient présents quelques militants d’extrême droite, contre l’indépendance, scandant "Puigdemont en prison" ou encore "séparatistes terroristes".
De son côté, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy était à Barcelone. "Cette élection permettra de décider si nous revenons à une situation normale, à la Constitution, à ce qui est raisonnable et censé", a-t-il dit lors d'un meeting.
Des semaines de tensions
Le vote du jeudi 21 décembre est une nouvelle étape dans une longue série de rebondissements, commencée le 1er octobre avec le référendum d’autodétermination qui a lieu malgré son interdiction par la Cour constitutionnelle.
Après des semaines de tensions, mais aussi d’incertitude, l’indépendance a finalement été déclarée le 27 octobre. Dans la foulée, Mariano Rajoy a immédiatement répondu en plaçant la région sous tutelle, en destituant l’exécutif séparatiste et en dissolvant le parlement, pour convoquer ces nouvelles élections. Le mandat du gouvernement catalan aurait normalement dû se prolonger jusqu’en 2019.