Les partisans de l'ex-président indépendantiste de Catalogne Carles Puigdemont ont assuré samedi qu'ils éviteraient de nouvelles élections dans la région mais tenteraient une dernière fois de le reconduire dans ses fonctions, après six mois de blocage politique.
L'assurance de vouloir éviter un retour aux urnes signifie qu'en fin de compte les indépendantistes proposeront un candidat qui pourra être investi par le parlement catalan d'ici le 22 mai et former un gouvernement.
"Nous ne voulons pas de nouvelles élections", a déclaré Eduard Pujol, porte-parole du groupe parlementaire Ensemble pour la Catalogne après une réunion avec leur chef Carles Puigdemont à Berlin.
Mais il a ajouté qu'ils essaieraient à nouveau de faire investir le président déchu, au plus tard le 14 mai.
Un baroud d'honneur de Puigdemont avant le 14 mai
La candidature de Carles Puigdemont, déjà bloquée par la justice espagnole en janvier, semble vouée à l'échec. Vendredi, les indépendantistes, majoritaires au parlement catalan, ont voté une loi autorisant son investiture à distance.
Mais le gouvernement espagnol a d'ores et déjà annoncé qu'il contesterait cette loi devant la justice, qui a déjà décidé que l'investiture d'un président régional devait obligatoirement se faire en sa présence.
Le recours en justice suspendra automatiquement la loi.
"La loi Puigdemont est un costume taillé sur mesure pour un fugitif", a lancé Inés Arrimadas, dirigeante en Catalogne de Ciudadanos, premier parti d'opposition aux indépendantistes. Ils "savent parfaitement que cette loi n'entrera pas en vigueur, ils la présentent pour qu'elle soit annulée et pouvoir une fois de plus jouer les victimes".
Carles Puigdemont se trouve en Allemagne où il échappe pour l'instant aux poursuites pour "rébellion" de la justice espagnole en lien
avec la tentative infructueuse de sécession du 27 octobre.
S'il rentrait en Espagne, il serait immédiatement arrêté et placé en détention provisoire, comme neuf autres personnalités indépendantistes déjà incarcérées.
Alternatives
Destitué après la tentative de sécession, Carles Puigdemont avait remporté une victoire inattendue aux élections régionales du 21 décembre en menant campagne, depuis l'étranger, pour le retour du "gouvernement légitime" de la Catalogne.
Depuis, le sort de Carles Puigdemont divisait les séparatistes.
Son camp renâclait à trahir sa promesse électorale, tandis que la Gauche républicaine de Catalogne (ERC), l'autre grand parti indépendantiste, réclamait de constituer un gouvernement le plus vite possible.
Ce n'est qu'à cette condition que la Catalogne, placée le 27 octobre sous administration directe du gouvernement central, retrouverait son autonomie à laquelle ses habitants sont très attachés.
Samedi, l'Assemblée nationale catalane (ANC), puissante association indépendantiste, a rendu public le résultat d'un sondage auprès de ses adhérent qui demandent en majorité l'investiture du "président légitime".
Mais si c'était impossible, les membres de l'ANC se sont prononcés clairement pour la formation d'un gouvernement plutôt que de forcer un retour aux urnes.
Le parlement régional, où les indépendantistes ont la majorité absolue, doit élire un président avant le 22 mai, faute de quoi de nouvelles élections seraient organisées.
Si la candidature de M. Puigdemont échoue, ses partisans proposeront à nouveau celle du dirigeant de l'ANC Jordi Sanchez, également poursuivi pour rébellion et emprisonné près de Madrid, déjà bloquée par la justice en février, a affirmé Eduard Pujol.
"Si cette possibilité ne peut pas non plus se concrétiser, nous devrions ouvrir la porte à une autre alternative", a poursuivi le porte-parole, précisant seulement aux journalistes : "aucun des noms sur lesquels vous avez spéculé n'a été mis sur la table".
La presse espagnole évoquait notamment le nom de l'économiste Elsa Artadi, proche de Carles Puigdemont.